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Précisément en 1901 la planète se trouvait dans une position favorable et c’est ainsi que fut organisée en 1901 la « campagne d’Éros » durant laquelle toutes les batteries de télescopes photographiques restèrent pointées vers Eros. C’était là certes une expédition latérale que l’amiral Mouchez n’avait pas prévue lorsqu’il imagina la carte photographique du ciel. Elle n’en a pas moins fourni des résultats qui sont parmi les plus utiles de cette grande entreprise restée internationalement si française.

Depuis lors et pendant près de dix ans une armée de physiciens et de calculateurs (de ceux que j’appellerais, si on veut me le permettre, les « riz-pain-sel » du corps d’armée astronomique) a travaillé sur les documens ainsi obtenus, s’ingéniant contre mille difficultés sans cesse renaissantes et toujours vaincues, pour gagner ce laurier des métrologistes : une décimale nouvelle. Tout récemment M. Hinks, directeur du bureau des mesures de l’Observatoire de Cambridge, a pu donner à notre Académie des Sciences le résultat final de ce travail mémorable. Il en résulte que la valeur définitive de la parallaxe solaire est 8" 8067, ce nombre ne comportant qu’une erreur possible de 2 millièmes de seconde. Ce n’est là qu’un chiffre, mais ce chiffre est le piédestal et le soubassement de tout l’ensemble architectural de l’astronomie.

Après la parallaxe, la seconde cause qui paraît déplacer légèrement les étoiles les unes par rapport aux autres est le mouvement du Soleil lui-même. Celui-ci n’est pas immobile dans l’univers stellaire ; accompagné de tout son cortège de planètes et de comètes il file rapidement dans une certaine direction. De même qu’en auto ou en chemin de fer les arbres et les maisons dont on se rapproche paraissent s’écarter les uns des autres, et ceux dont on s’éloigne se rapprocher au contraire jusqu’à se confondre, pareillement les constellations vers lesquelles se dirige le mouvement du Soleil paraissent se dilater et s’élargir, celles dont il s’éloigne se contractent. D’où une seconde cause de déplacemens apparens des étoiles. On peut en séparer facilement les effets de ceux de la parallaxe, car ils s’accumulent d’année en année et arrivent à être très notables tandis que ceux-ci se répètent périodiquement chaque année et sont donc toujours très petits. C’est ainsi qu’on est arrivé à cette conclusion, confirmée d’ailleurs indépendamment par l’étude statistique des vitesses radiales des étoiles, que le système solaire se déplace par rapport à l’ensemble des étoiles vers un point mystérieux appelé l’apex et qui, d’après les plus récentes mesures, est voisin de la belle étoile bleue Véga ou  de la Lyre