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que l’on peut admirer au zénith vers le milieu de ces belles nuits d’été. La vitesse de ce mouvement est d’environ 20 kilomètres par seconde, 72 000 kilomètres à l’heure, environ 600 millions de kilomètres par an. Le seul fait que, malgré ces déplacemens prodigieux et continus du train solaire, l’aspect des constellations n’ait guère changé depuis des milliers d’années, suffit à prouver la distance énorme des étoiles et l’immensité de l’univers visible[1].

Les deux phénomènes que nous venons d’examiner font que même si toutes les étoiles étaient parfaitement et réellement immobiles les unes par rapport aux autres, elles paraîtraient se déplacer. Mais en vérité les étoiles ont des mouvemens propres et ceci est la troisième cause qui, sur les clichés de la carte du ciel pris à des intervalles assez éloignés, déplacera les images stellaires. En moyenne ces mouvemens propres ne sont pas très supérieurs à la vitesse de la Terre autour du Soleil ; mais comme ils sont rectilignes ou à peu près, leurs effets s’accumulent avec les années et ils arrivent à être pour beaucoup d’étoiles parfaitement sensibles lorsqu’on compare des clichés pris à des intervalles suffisans. Plus les étoiles sont éloignées, plus leurs mouvemens propres apparens seront faibles en moyenne, cela va sans dire, de même qu’en chemin de fer les arbres les plus rapprochés du train nous paraissent courir le long de la voie beaucoup plus vite que ceux de l’horizon.

Ainsi les clichés répétés au bout de dix ans nous révéleront moins de mouvemens propres que ceux qu’on aura refaits au bout de vingt ans et ainsi de suite. La carte du ciel tout entière n’étant pas encore terminée n’a pas pu a fortiori être encore refaite. Mais dès maintenant certaines régions du ciel ont été rephotographiées à certains intervalles et c’est ainsi qu’on a obtenu par exemple, à l’Observatoire d’Oxford, les résultats suivans. Sur les clichés refaits on a trouvé que :

Au bout de 10 ans, 1 pour 100 des étoiles s’était déplacé d’une façon appréciable.

Au bout de 12 ans, 1 et demi pour 100 ;

Au bout de 14 ans, 2 pour 100 ;

Au bout de 16 ans, 2 et demi pour 100.

  1. Le fait qu’actuellement l’apex est voisin de Véga ne prouve nullement qu’il en sera toujours ainsi ; le mouvement apparemment rectiligne du Soleil fait peut-être en réalité partie d’une orbite circulaire à très grand rayon, comme cela serait par exemple à peu près le cas si le Soleil tournait autour du centre de gravité de la Voie lactée dont il fait partie. En ce cas la position de l’apex changerait lentement mais constamment.