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la même organisation, les mêmes droits, les mêmes sanctions, les mêmes examens, les mêmes titres : bref elles ne se distinguent des autres que par la pénurie de leurs finances. A part une subvention insignifiante (1 723 fr. 29) consentie à Urbino par l’Etat, — on ne sait pas pourquoi, — elles ne participent en rien aux libéralités dont vivent les universités dites royales.

Voilà donc en tout vingt-deux universités. C’est beaucoup ; c’est, en tout cas, beaucoup plus que ne le voudrait le nombre des maîtres en état d’élever le niveau des études à la hauteur des ambitions nationales. Les intéressés le sentent et le disent : aussi parle-t-on périodiquement de quelques suppressions, et les argumens à faire valoir en faveur de cette courageuse décision abondent : inutilité de maintenir des subdivisions administratives et politiques qu’on cherche plutôt à faire oublier, état d’infériorité dû à la pénurie des traitemens (il en est, parait-il, dans l’enseignement dit supérieur, qui sont à peine égaux à ceux d’un maître élémentaire) ; on insiste tout particulièrement sur la tendance des petites universités à attirer chez elles une clientèle imméritée, par des moyens qui sentent trop la complaisance.

L’élite professionnelle ne manque pas de signaler le mal et de réclamer des remèdes. Mais sur qui faire tomber l’exclusion nécessaire ? C’est toujours là le point délicat. Il y a quelques années, on crut tenir, — non pas, hélas ! ce qu’on peut appeler une bonne occasion, — mais enfin une occasion décisive d’opérer au moins une suppression. La ville de Messine et son université par conséquent, venaient d’être anéanties. On était donc en droit de dire : Le malheur est consommé, le réparer tout entier est trop difficile, nous devons nous borner au nécessaire : or, voyez combien Messine et Catane sont rapprochées l’une de l’autre : laissez-nous concentrer nos ressources sur celle des deux qui a survécu. Un tel langage eût été raisonnable et il était attendu. Qu’a-t-on fait cependant ? On s’est hâté de rouvrir l’université de Messine dans des baraquemens, en attendant qu’on pût reconstruire à grands frais les bâtimens détruits. C’est qu’à part les populations si supérieures du Nord, les classes moyennes où se recrutent les étudians sont généralement peu aisées : elles attendent presque tout des influences locales, soit que ces influences se fassent sentir directement sur place, dans les municipalités, soit qu’elles s’exercent à Rome,