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dans le Parlement, mais toujours sous la pression des circonstances particulières au milieu desquelles elles sont nées.

La campagne ébauchée a-t-elle donc abouti au statu quo ? Pas précisément ! Elle est en voie d’aboutir à une création de plus. Il n’est rare nulle part qu’une agitation menée en vue d’une réforme économique se termine par l’ouverture d’un nouveau crédit.

Le centre, — non pas encore adopté, mais indiqué et visé, — c’est la ville de Bari, port commercial de l’Adriatique et chef-lieu de la province des Pouilles. Un des motifs mis en avant est que l’université de Naples a énormément d’élèves et que les étudians ont de la peine à s’y loger. L’argument n’est pas en train d’acquérir une force irrésistible : car précisément l’université de Naples est plutôt en décroissance. Dans l’année 1907-1908, elle comptait 5 657 étudians : en 1911-1912, elle n’en a plus que 4 281, soit une perte de 1 374 en bien peu de temps.

Aussi la vraie raison n’est-elle point là. Les imaginations italiennes aiment à voir grand et à contempler de préférence ce qui, — sans exister encore et par conséquent sans mettre encore le pays aux prises avec les difficultés techniques, — lui promet quelque chose de très beau. De là cette espèce de vision d’une université dans cette ville de Bari où quelques monumens somptueux dus à d’heureux spéculateurs en vins et en huiles ne remédient ni à la vulgarité de l’ensemble, ni à la grande pauvreté de la majorité de la population. Les journalistes voyaient déjà les étudians orientaux accourir sur les rivages de l’Adriatique pour repartir ensuite en compagnie de jeunes médecins, de jeunes ingénieurs se partageant, les uns l’île de Rhodes devenue le « grand entrepôt » de l’Asie Mineure, les autres les frontières communes de la Serbie, de l’Albanie et de la Grèce. Il est cependant sûr que Naples n’est pas si éloignée de Bari, et que de sérieuses améliorations dans la ville active et séduisante par excellence importerait plus qu’un dédoublement dans lequel deux universités rivales se nuiraient réciproquement beaucoup plus qu’elles ne se compléteraient et ne s’aideraient.


Quoi qu’il en soit, dans l’ensemble de ces universités deux choses sont également incontestées : le total des étudians a un peu augmenté dans les universités dites libres, il a diminué