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faut-il qu’on les soigne ou qu’on inculque les moyens de les prévenir. Il n’est pas non plus prouvé qu’en prolongeant bon nombre d’existences, on ne prolonge pas les occasions de ces petites misères physiologiques qui, avec les progrès de l’aisance, voire ceux de la sensualité, deviennent de plus en plus exigeantes.

Reste la faculté de philosophie et lettres. Il y a utilité à la décomposer, car les deux groupes qui la constituent tendent à accentuer leurs différences au fur et à mesure de la prolongation de leurs études. La moyenne annuelle des étudians de philosophie en possession de leur grade au terme de leur scolarité est, pour toute l’Italie, de 25, contre 207 laureati de littérature. C’est surtout relativement aux autres que cette branche d’études apparaît comme moins favorisée. Elle ne soutient ses effectifs que grâce à l’afflux d’un personnel dont on ne peut pas dire que, somme toute, il relève le niveau des études dites supérieures. L’élément féminin y donne le quart des inscrits. Il y apporte son aptitude à saisir les leçons très vite, à en rendre le texte avec exactitude et avec une rare facilité d’élocution qui rivalise avec celle du maître. Je me souviens d’un examen de droit administratif où avaient à comparaître deux jeunes ecclésiastiques et trois ou quatre jeunes filles. Ceux-là hésitaient souvent : celles-ci n’étaient pas plus embarrassées que si elles eussent eu à réciter leur Ave Maria. L’examinateur, — habitué, comme ses collègues, à développer ou à expliquer ses propres idées, — se laissait entraîner malgré lui à continuer son rôle habituel de professeur. Aussi maître et élève se mirent-ils à parler ensemble et sans aucune interruption, pendant cinq ou dix minutes : l’examen se termina ainsi à la complète satisfaction de l’un et de l’autre. Ce qui attire et retient le plus ces jeunes filles dans les cours des universités, c’est, — on n’en sera pas surpris, — l’acquisition fort désirée d’un bagage qui suffira à les faire admettre en des établissemens d’instruction moyenne (moyenne tout au plus ! ). Beaucoup se contentent de passer là quelques examens leur ouvrant l’accès des écoles normales primaires. Elles se mêlent à des jeunes gens qui poursuivent le même but et à des ecclésiastiques ambitionnant quelque sinécure, comme une charge de bibliothécaire, d’employé de musée, de gardien des fouilles, etc. Les meilleurs étudians doivent être ceux qui se préparent à l’enseignement secondaire pour le