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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/807

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traverser en s’y ménageant les moyens de parvenir plus tard à l’enseignement des universités. Mais ceux-là ont à compter sur leur travail personnel et sur des efforts quelquefois très longs.

A l’université même, on ne peut s’empêcher de regretter ces mélanges qui de plus en plus conspirent à abaisser le niveau général. Certes, on n’en vient pas pour eux à demander — comme on l’a fait dans de petites universités, et notamment, paraît-il, à celle de Pérouse, une école de chauffeurs, une école de pilotes, une école de fromagerie (caseificio modello). De la part de ceux qui font de pareilles propositions, il serait plus franc et plus logique de réclamer tout de suite la suppression des universités visées. Mais, sans descendre jusque-là, on peut dire que sous prétexte d’infuser dans l’enseignement des notions de pédagogie ou de sociologie, et d’en charger les professeurs des facultés, les barrières sont considérablement abaissées. On est surpris d’assister à des leçons et à des épreuves où l’on ne saisit que des rapports bien lointains avec la philosophie ou avec les lettres, ou même avec ces deux autres sciences soi-disant nouvelles dont je viens de rappeler les noms. Dans une superbe ville, je suis pendant plusieurs heures les examens des candidats à l’enseignement des écoles normales primaires. Les candidats, généralement très jeunes, religieuses de dix-sept ou dix-huit ans, jeunes gens du même âge, ont à parler de bien des choses. J’entends qu’on les interroge en courant sur la démocratie, sur l’aristocratie, sur la ploutocratie, sur le parlementarisme, sur le protectionnisme, sur le régime des douanes, sur le rôle du Roi… Leurs courtes réponses ne peuvent que se borner à la récitation de quelques formules toutes faites. Bref, on croirait assister à un exercice scolaire sur l’enseignement civique selon les programmes de nos écoles municipales. Un tel mélange en un tel milieu ne nuit pas seulement à l’esprit général des étudians qu’il n’habitue guère à la méditation des problèmes, à la recherche des faits, à la suite des raisonnemens. Je ne m’imagine pas qu’il stimule et qu’il aiguise beaucoup la curiosité d’un grand nombre de professeurs.

Ceux-ci en effet ne se bornent pas, comme font nos professeurs de facultés, à présider aux examens du baccalauréat et aux interrogations des professeurs de lycée appelés à faire partie du jury. Dans cette séance dont je viens de donner un aperçu siégeaient trois professeurs de l’université, et parmi eux étaient