Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/810

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dommageables. Ceci, s’ajoutant à la multiplicité des cours trop élémentaires et à l’envahissement, sous prétexte de pédagogie, d’une certaine jeunesse qui n’a même pas fréquenté de cours d’enseignement moyen, ne peut pas ne pas abaisser sensiblement le niveau du véritable enseignement supérieur.

A-t-on remédié à ces inconvéniens par le soin qu’on a mis à créer des chaires jugées utiles ? Certainement les cadres sont tracés largement. Chaque université a ses trois chaires de philosophie (philosophie théorétique, philosophie morale, histoire de la philosophie). De plus, sans compter les fameux cours de pédagogie, où il entre tant de choses et tant d’élèves, chaque faculté de Droit a sa chaire de philosophie du Droit ou de Droit naturel. Quelques représentans du Droit proprement dit regrettent cette prodigalité d’enseignemens. Ils estiment qu’une chaire placée en un centre choisi et confiée à un maître signalé pour sa compétence spéciale suffirait à entretenir le goût de la critique et de la synthèse en matière d’institutions juridiques. Ceci est en effet sujet à controverse. Mais la plupart de leurs collègues demandent le statu quo. Ils craindraient de voir disparaître un enseignement qui, pour les philosophes, est souvent le vestibule d’un autre, et où, disent-ils, se mêle heureusement un peu d’amour de l’idéal aux aridités du droit positif…

La discipline des examens provoque, sinon de sérieuses tentatives de réforme, du moins des critiques et des plaintes plus concordantes. Il est de règle, dans les universités italiennes, que les examens portent toujours et exclusivement sur les matières enseignées dans le cours de l’année. Si ce sujet se trouve cette fois un peu trop spécial, il en résulte, dit-on, que le candidat porte tout son effort sur l’étude de cette matière séparée et néglige le reste. Cet effort lui est rendu facile par l’habitude qu’ont les professeurs de faire sténographier toutes leurs leçons au fur et à mesure qu’ils les prononcent. Tout à fait à la porte de l’ancienne Sapienza, devenue l’université royale de la capitale, est une librairie spéciale où s’accumulent tous les paquets de cours dactylographiés. Chaque cours se vend 4 francs, moyennant quoi l’étudiant, même s’il a été irrégulier, retrouve ce qu’il doit répéter et se passe du reste. La mesure est ici délicate à trouver et à fixer. Il est nécessaire que les élèves aient une clarté suffisante de l’ensemble de leur science ; il est excellent que les maîtres aient la faculté d’approfondir tour à