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LA NEUTRALITÉ BELGE


Le dimanche soir 2 août 1914, — date qui marquera dans l’histoire, — l’Allemagne a adressé un ultimatum à la Belgique, exigeant le droit de passage pour les troupes allemandes et fixant l’expiration du délai de l’ultimatum au lundi 3 août, sept heures du matin. Pendant la nuit du dimanche, le conseil des ministres et le chef d’état-major de l’armée ont conféré avec le roi Albert. Le gouvernement belge répondit, le lundi matin, au gouvernement allemand qu’il se refusait à faciliter les opérations de l’armée allemande contre l’armée française, qu’il protestait à l’avance contre toute violation de son territoire, et qu’il était résolu par tous les moyens à défendre énergiquement sa neutralité, formellement garantie par les traités et notamment par la signature du roi de Prusse.

L’Allemagne avait déjà violé le droit des gens en faisant entrer le 1er  août à 7 heures du soir, à la station des Trois-Vierges sur la ligne Luxembourg-Liège, des officiers qui brisèrent les appareils télégraphiques et occupèrent la gare, puis en pénétrant le 2 août au matin dans le grand-duché de Luxembourg par les ponts de Wasserbillig et de Remich : elle amenait un certain nombre de trains blindés et des munitions par le chemin de fer de Wasserbillig à Luxembourg, malgré la protestation formelle du ministre d’État, M. Eyschen, qui invoquait la neutralité du grand-duché, reconnue et affirmée par le traité de Londres de 1867. Le même jour, sans nous avoir déclaré officiellement la guerre, les Allemands avaient pénétré sur le territoire français à Long-la-Ville, près de Longwy, à proximité de la frontière belge et luxembourgeoise, et à Bertram-