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bois en Meurthe-et-Moselle. La violation du sol luxembourgeois et du sol belge, ainsi que l’irruption subite sur le nôtre, avaient depuis longtemps été prévues par la Belgique et par la France. Mais cet acte, si contraire au droit des gens, à toute justice et à toutes les traditions loyales entre États, est tellement grave qu’il faut l’étudier de près pour en faire ressortir l’importance et les hautes conséquences. C’est l’objet de cette étude, fondée sur des textes et des informations authentiques[1].

On sait comment, le 18 novembre 1830, le Congrès national de la Belgique, présidé par Surlet de Chokier, proclama l’indépendance du peuple belge, en se déclarant en faveur de la monarchie constitutionnelle héréditaire et en prononçant l’exclusion perpétuelle de la famille d’Orange-Nassau. Le gouvernement français résolut, sur le conseil avisé du prince de Talleyrand et avec l’adhésion de Guizot, de soutenir simplement l’indépendance de la Belgique, trouvant un intérêt primordial à substituer un État neutre et ami au royaume des Pays-Bas qui, en 1814, avait été établi contre elle.

« Que la Belgique soit libre et heureuse ! » dit Louis-Philippe, le 17 février 1831, à la députation du Congrès national qui venait lui apprendre le choix du duc de Nemours comme roi des Belges. « Les exemples de Louis XIV et de Napoléon suffiraient pour me préserver de la funeste tentation d’exiger des trônes pour mes fils… Mais que la Belgique n’oublie pas que c’est au concert de la France avec les grandes puissances de l’Europe qu’elle a dû la prompte reconnaissance de son indépendance nationale, et qu’elle compte toujours avec confiance sur mon appui pour la préserver de toute attaque extérieure et de toute intervention étrangère. » Cette promesse solennelle, la France l’a tenue, et les événemens actuels soulignent encore sa

  1. Voir, entre autres sources, Neutralité belge et Invasion allemande, de Maxime Lecomte et du lieutenant-colonel Camille Lévi ; — La Belgique militaire, du lieutenant Péria ; — L’Offensive allemande sur la Belgique, du général Maitrot ; — La Belgique devant une guerre franco-allemande, par Jules Poirier ; — La Belgique et la Hollande devant le Pangermanisme, par le général Langlois ; — La Neutralité belge, par le lieutenant de Lanet, et les livres de Brialmont, V. Hœnig, du colonel Boucher, du colonel Hennebert, du colonel Rouen, du lieutenant-colonel Picard, ainsi que les études de la Section historique de l’État-Major français.