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désormais d’un plein succès. Il ne faudrait d’ailleurs pas juger de l’efficacité des sous-marins sur l’échec qu’ont subi ceux de la flotte allemande, bien moins entraînés que ses torpilleurs, par exemple. Et c’est un grand regret pour nous que des circonstances sur lesquelles il y aura lieu sans doute de revenir plus tard, n’aient pas permis aux nôtres de montrer ce qu’ils savaient faire. Mais la guerre n’est pas finie !…


La guerre commerciale, en tout cas, bat son plein. On pouvait être certain qu’elle serait, de part et d’autre, conduite avec activité. Comme je l’avais annoncé dans mon étude du 1er avril 1914[1], nos prévoyans adversaires avaient pris leurs mesures pour que leurs grands paquebots, répandus à l’étranger au moment de la déclaration de guerre, fussent armés immédiatement sur place en croiseurs auxiliaires. Mais l’Amirauté anglaise avait, elle aussi, pris ses précautions et, si l’on en juge par les pertes déjà subies par les Allemands (Kaiser Wilhelm der Gross, Kronprinz Wilhelm, etc.), les dommages subis par la marine de commerce anglaise se réduiront à fort peu de chose. Pendant ce temps les prises allemandes encombrent les ports anglais de la métropole et des colonies ; de véritables convois de paquebots germains sont bloqués dans les ports neutres, et des cris de détresse s’élèvent à Brême et à Hambourg.

Faut-il croire, toutefois, que l’Allemagne puisse être bientôt affamée ? Ne l’espérons pas trop. Elle a pour elle de précieuses neutralités, celles de la Hollande, du Danemark, de la Roumanie, de l’Italie enfin. Cette dernière, à la vérité, semble un peu chancelante. Quant aux deux premières, je ne serais point surpris qu’il se produisît à bref délai de sérieuses modifications dans l’état de choses actuel. Il n’est plus possible d’admettre, en présence du caractère que prennent les immenses conflits modernes, qu’un belligérant puisse se ravitailler par les ports neutres voisins de son territoire. Je rappelle encore, — en m’excusant de cette insistance auprès des lecteurs de la Revue, — ce que je disais sur cet important et délicat sujet dans l’étude citée tout à l’heure.


Revenons à la Méditerranée, où les Anglais nous ont laissé

  1. Le rôle des croiseurs cuirassés allemands.