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particulier à celui que courent des bâtimens stoppés dans les parages où l’action de l’invisible et dangereux adversaire vient de se faire sentir ? — Peut-être y avait-on pensé. Pas, toutefois, dans la marine anglaise, si l’on en juge par le communiqué de l’Amirauté dont nous avons tous admiré, autant que le mâle accent, la noble franchise.

Je n’en dirai pas plus aujourd’hui sur ce triste sujet. La destruction des trois croiseurs cuirassés anglais donnera — s’il en est besoin — tous les enseignemens nécessaires… et aussi, j’en suis convaincu, tous les stimulans. Nos ennemis peuvent s’égayer lourdement, à leur habitude, sur la coïncidence du combat du 22 septembre et du discours où M. Winston Churchill annonçait que le dogue anglais allait bientôt relancer le rat allemand dans son trou. Le rat a mordu et bien mordu, soit ! Mais, en fait, la tactique indiquée par le premier lord de l’Amirauté reste la bonne, la seule bonne, même. Oui, c’est au trou qu’il faut courir, ou, pour mieux dire, au museau de la puissante bête allemande, à la bouche de l’Elbe ; et pour obtenir là le résultat essentiel dont je parlais tout à l’heure, il faut accepter d’avance des sacrifices que la victoire paiera largement.

Nos alliés ont d’ailleurs, eux aussi, de bons sous-marins. L’un d’eux, qu’on ne l’oublie pas, a coulé un petit croiseur allemand, le Hela. Plus facilement encore, la cible étant beaucoup plus grande, eût-il frappé un cuirassé de cette belle flotte à qui les Allemands eux-mêmes commencent à reprocher son inaction.

Et les nôtres ? Nos sous-marins si bien « au point, » si bien entraînés, si désireux de marcher, quand leur sera-t-il donné de montrer ce qu’ils savent faire ?


Un mot encore : sous-marins, torpilleurs, « destroyers, » sont partout en action ; il n’est question que de bâtimens légers, de mouilleurs et de dragueurs de mines ; les croiseurs du large font beaucoup parler d’eux, ceux de l’Allemagne comme ceux de l’Angleterre, car il faut reconnaître que la croisière de l’Emden est fort bien conduite[1]. Entre temps, on nous apprend qu’un gros de cuirassés agit avec vigueur. Mais c’est

  1. Constatons toutefois, avec l’Amirauté anglaise, que les croiseurs alliés ont capturé cinq fois plus de paquebots — sans parler des croiseurs auxiliaires — que les croiseurs allemands.