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comme parc de siège, un parc qui, au surplus, détache à terre quelques-unes de ses pièces et leurs armemens. Pendant ce temps, des milliers de marins, définitivement débarqués, ceux-là, s’emploient avec une ardeur joyeuse à la défense de Paris, — comme en 1870, — et poussent jusqu’aux tranchées des champs de bataille de l’Aisne. Il n’est pas jusqu’à une pauvre petite canonnière, d’un type désuet et dédaigné, d’un type que l’on ne voulait plus reproduire, la Surprise, qui, au Cameroun, ne se soit distinguée par des coups de vigueur et par des opérations auxquelles ses facultés semblent parfaitement adaptées. Et sans doute je ne prétends pas du tout que l’on ait le droit de conclure à la faillite des énormes unités de combat modernes, dans le genre de cette belle Gascogne que nous lancions à Lorient le jour même où les trois croiseurs cuirassés anglais s’ensevelissaient lugubrement dans les flots troubles du « Deutschebucht. » Non, il faudra encore des cuirassés, — réserves faites sur le type, — mais, vraiment on doit convenir que, jusqu’à l’heure présente (premiers jours d’octobre), la guerre navale ne ressemble pas à l’image qu’en donnaient certains théoriciens : la grande bataille rangée, la rencontre unique, décisive…


Contre-amiral Degouy.


L’amirauté anglaise vient de barrer le vestibule nord du pas de Calais, tout en laissant libre l’importante ligne Ostende-Douvres et la passe nord de la Tamise. Les paquebots hollandais ne pourront donc plus rentrer dans leurs ports, qu’en passant par la partie septentrionale de la mer du Nord, où ils ne sauraient échapper au contrôle vigilant des croisières anglaises. Bien entendu, il ne faut pas croire, avec beaucoup de journaux anglais, que l’accès de la Tamise et de la Medway (Sheerness et Chatam) soit par là complètement interdit aux sous-marins allemands. Un champ de mines n’arrêtera jamais un habile et résolu commandant de sous-marin. En tout cas, notons que les Anglais restent les maîtres d’attaquer le littoral allemand quand ils jugeront le moment venu. Du moins n’y seront-ils exposés qu’aux mines allemandes.

D.