Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 24.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout noir, au milieu des vitraux qui de toutes parts flamboyaient sur tous les murs de l’église, ce mur va s’illuminer à son tour et parachever cette vision céleste.

Cette lumière nouvelle entraîna d’autres conséquences et permit de décorer toutes les parties du mur. Autour des vitraux aucune place ne resta nue, le mur se couvrit de tout un peuple de statues, formant le plus beau décor qui existe de l’intérieur d’une façade.

Je ne veux pas prolonger davantage cette étude qui pourrait être inépuisable, et je terminerai en rappelant que, parmi toutes ces statues, statues de prophètes, de saints, de martyrs, il y a des hommes d’armes, nobles guerriers, les ancêtres de nos héros d’aujourd’hui, chevaliers sans peur… et sans reproches.

Tout, à Reims, est une image de l’âme française, avec toutes ses vertus et tout son génie. Lorsque les jours d’angoisse seront passés, la noble cathédrale restera comme le plus pur symbole de la grandeur de la France. Si, dans l’avenir, il peut quelquefois être nécessaire de rendre plus forte, plus intime l’union de tous les Français, c’est elle qui nous donnera les enseignemens nécessaires. Dans ce lieu saint où se faisait autrefois le sacre de nos rois, nos chefs d’Etat de demain viendront à leur tour ; et, sous ces voûtes qui nous rappelleront nos jours d’épreuve, notre énergie et notre délivrance, pour être compris de tous, pour exprimer la pensée unanime de tous les Français, ils n’auront qu’un mot à dire : Nous n’oublierons jamais,


MARCEL REYMOND.