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partie repose dans ses caisses ; elle a continué d’en conserver une fraction à l’étranger, chez ses correspondans. Sauf pendant la guerre japonaise, la Banque n’avait pas, jusqu’à ce jour, fait usage du droit qu’elle a d’émettre du papier pour un montant dépassant de 300 millions son encaisse métallique. Au mois d’août 1914, elle a été autorisée à créer 1 500 millions de billets de plus. Le 14 septembre, elle n’avait encore mis en circulation que 2 553 millions ; elle possédait, à la même date, 1 844 millions de numéraire, qui correspondent à près des trois quarts, exactement 72,35 p. 100 des billets. C’est une proportion que plus d’une banque d’émission lui envierait.

La Banque de Russie aborde donc la guerre dans d’excellentes conditions : ayant, en temps de paix, suivi une politique des plus sages, et contenu sa circulation dans des bornes plus étroites encore que la Banque d’Angleterre, elle peut, sans crainte, faire un effort considérable à l’heure où celui-ci devient nécessaire. Elle rendra d’autant plus de services au Gouvernement qu’il ne lui en avait pas demandé jusqu’ici.

Le rouble ne doit pas être déprécié par rapport à l’or ; si quelque incertitude s’est manifestée à cet égard, au début du mois d’août, cela provint du fait que le marché des changes s’est trouvé brusquement désorganisé, on pourrait dire fermé, sur toutes les grandes places du monde. Aussitôt qu’il sera rétabli, — et nous pensons que cela ne tardera pas, — le rouble reprendra son cours, c’est-à-dire qu’il sera côté à la parité de l’or, comme il l’a été pendant la guerre japonaise. Le ministre des Finances a déclaré à la Douma que c’était à cause des moratoires institués sur les diverses places étrangères, qu’il avait cessé de délivrer des traites sur ces places, où le sort en eût été incertain. Dès qu’il reprendra ce service, ce sera une raison de plus de nous attendre avoir les fluctuations actuelles disparaître.

La Banque de Russie étant banque d’État, la totalité de ses bénéfices va au Trésor, pour lequel ils constituent un appoint qui n’est pas à dédaigner : le budget de 1914 ne l’évaluait pas à moins de 40 millions de roubles. Il prévoyait 5 millions et demi du chef des intérêts que le Trésor reçoit de ses correspondans étrangers, chez qui il a des dépôts ; un million et demi pour intérêts des titres appartenant à l’État ; une somme égale pour le bénéfice de la Section étrangère de la Chancellerie des opérations de crédit.