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service de la Dette, dont la majeure partie est aux mains de porteurs étrangers ; mais, en règle générale, les vides creusés par le paiement des intérêts et de l’amortissement sont rapidement comblés, et le total des sommes disponibles est maintenu à un niveau élevé. C’est avec une vue prophétique de l’avenir que le ministre des finances attirait l’attention de la Douma et du Conseil de l’Empire, en leur présentant le budget de 1914, sur l’importance qu’il y a pour le Trésor à avoir des réserves disponibles, en quantités telles qu’il puisse faire face à de fortes dépenses imprévues : celles-ci, qui n’ont pu être envisagées lors de l’établissement du budget, doivent être néanmoins effectuées d’urgence dans l’intérêt de l’État. « La possession des disponibilités, » ajoutait M. Kokovtzoff, « qui consolide la situation financière de la Russie et écarte la nécessité de procéder à des emprunts à des époques parfois peu favorables à des opérations de crédit, est spécialement opportune, vu la situation actuelle des intérêts politiques des divers États. » Ces phrases auraient dû être prononcées et méditées au Palais-Bourbon au mois de décembre 1913, lorsque la Chambre rejeta le projet d’emprunt présenté par le ministère Barthou, dont le successeur déclarait, au mois de janvier suivant, qu’il n’avait pas besoin d’argent et que la Trésorerie était amplement garnie. Le contraste entre les deux politiques n’a pas besoin d’être souligné 1


III

La Banque de Russie est une Banque d’État. Son capital, de 55 millions de roubles, appartient tout entier au Trésor. Son gouverneur, ses directeurs, sont nommés par le ministre des finances, qui a rédigé les statuts, veille à leur exécution, et est en réalité le chef tout-puissant de l’institution. Il faut reconnaître, à la louange du comte Witte et de ses successeurs, que, non seulement ils n’abusèrent pas de leur autorité pour mettre la Banque au service du budget, mais que, après lui avoir donné une charte qui enfermait son droit d’émission dans des bornes très étroites, ils se sont tenus bien en-deçà de cette limite. Pendant de longues années, la circulation de la Banque de Russie a été inférieure à son encaisse, c’est-à-dire que le total des billets qu’elle avait mis en circulation n’atteignait pas celui de l’or qu’elle possédait, et dont la majeure