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est rentré aujourd’hui ; et il a informé le gouvernement impérial que la Russie mobilise dans quatre districts du Sud[1].

Il faut lire maintenant la dépêche envoyée le 29 par M. Sazonoff à l’ambassadeur de Russie à Paris, qui porte dans le Livre Orange le n° 58 :


Aujourd’hui, l’ambassadeur d’Allemagne m’a communiqué la résolution prise par son Gouvernement de mobiliser, si la Russie ne cessait pas ses préparatifs militaires. Or, nous n’avons commencé ces derniers qu’à la suite de la mobilisation à laquelle avait déjà procédé l’Autriche et vu l’absence évidente chez cette dernière du désir d’accepter un mode quelconque d’une solution pacifique de son conflit avec la Serbie.

Puisque nous ne pouvons pas accéder au désir de l’Allemagne, il ne nous reste que d’accélérer nos propres arméniens et de compter avec l’inévitabilité probable de la guerre. Veuillez en avertir le Gouvernement français et lui exprimer en même temps notre sincère reconnaissance pour la déclaration que l’ambassadeur de France m’a faite en son nom en disant que nous pouvons compter entièrement sur l’appui de notre alliée la France. Dans les circonstances actuelles, cette déclaration nous est particulièrement précieuse.

(Communiqué aux Ambassadeurs en Angleterre, Autriche-Hongrie, Italie, Allemagne.)


Passons maintenant au Livre Blanc allemand. Nous y trouverons une dépêche adressée par l’empereur d’Allemagne à l’empereur de Russie, dans la nuit du 29 au 30, à une heure du matin, et qui est écrite sur un ton bien différent de la dépêche du 28. En voici le texte :

« Mon ambassadeur a été chargé de rappeler l’attention de Votre gouvernement sur les dangers et les conséquences très sérieuses d’une mobilisation… L’Autriche-Hongrie a mobilisé seulement une partie de son armée et contre la Serbie. Si la Russie, comme il parait que c’est Votre intention et celle de Votre gouvernement, mobilise contre l’Autriche-Hongrie, le rôle de médiateur que Vous m’avez confié avec tant d’empressement et que j’ai accepté pour Vous être agréable, devient impossible ou presque. Désormais, tout dépend de Vous, comme sur Vous pèsera la responsabilité de la guerre et de la paix[2]. »

Vient après une dépêche, envoyée le 30 par l’ambassadeur d’Angleterre à Saint-Pétersbourg, qui raconte ce qui s’est passé dans la capitale russe le 29 juillet. Cette dépêche est si importante, que je vais la traduire en entier :

  1. German White Book, p. 9 ; Great Br., n. 76.
  2. German White Book, doc. n. 23.