les sciences : les plus grands philosophes, les plus grands écrivains, les plus grands musiciens sont des Allemands. En ce moment, nous sommes au premier rang pour les sciences naturelles et dans tous les domaines techniques ; par-dessus le marché, nous sommes arrivés à un essor économique prodigieux ; comment pouvez-vous vous étonner que nous soyons des ânes en politique ? Il faut bien que quelque chose cloche. »
Malgré l’humour de feu Althoff, M. de Bülow n’a jamais pris son parti de l’ « ânerie » en politique. Il a voulu la combattre chez son peuple et chez d’autres encore. Il était un sujet trop respectueux et, malgré sa disgrâce, un diplomate et un courtisan trop anxieux de déplaire pour dire ou seulement laisser entendre que les faiblesses du peuple se retrouvaient en très haut lieu. Mais si nous connaissions par le menu, comme son infaillible mémoire les connaît encore, les conversations et les correspondances que, durant dix années de faveur, il eut avec le Maître, je crois qu’en nombre de phrases du présent livre, nous découvririons des allusions ou des réminiscences que le Maître, lui, n’a pu manquer de saluer au passage, comme on salue involontairement les premiers obus qui passent sans encore éclater.
En octobre 1900, Guillaume II fondait à Saalbourg un musée d’antiquités romaines, dans l’un de ces petits forts romains, castella, dont les ruines jalonnent les ruines du Limes romanus, du « Seuil romain, » de ce long rempart de terre et de pieux, que les Augustes avaient tendu, entre le coude du Rhin à Mayence et le coude du Danube à Ratisbonne, pour protéger la Germanie du Sud romanisée contre les ruées de la barbarie nordique. Au-devant de ce castellum, scientifiquement restauré, l’empereur Guillaume avait fait dresser la statue de l’empereur Antonin, scientifiquement copiée de l’antique, mais moins scientifiquement dédicacée À l’Empereur des Romains, T. A. Hadrianus Antoninus, l’Empereur des Germains, Guillaume II, — Imperatori Romanorum, T. A. Hadriano Antonino, Guilelmus secundus, Imperator Germanorum. Trop heureux, sans doute, d’une occasion de télégraphier en latin, Guillaume II envoyait « à l’incomparable historien de Rome, Th. Mommsen », cette belle dépêche : Theodoro Mommseno, antiquitatum romanarum investigatori incomparabili…, salutem dicit Guilelmus Germanorum Imperator.