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veut se renseigner sur les ressources de la plus grande partie de la Chine) avait expressément indiqué les avantages de la situation de Kiaou-Tchéou. Ce dernier port n’a pu être utilisé tel quel, par suite des transformations du matériel naval commercial ou militaire depuis trente ou quarante ans ; mais la situation est restée toujours aussi bonne, étant donné que l’établissement maritime était créé, transporté à l’entrée de la baie, au lieu de demeurer plus au fond.

Un simple coup d’œil sur la carte montre les avantages de cette situation. On est à vingt heures par mer de Shanghaï, et à vingt-quatre heures de l’embouchure du Pei Ho, par conséquent de Tientsin, tout près de la capitale de l’Empire. L’immense presqu’île qui forme la plus grande partie de la province du Chantoung se trouve en face de la Corée, séparant le golfe du Petchili de la Mer-Jaune. L’importance prise par Tché-Fou, surtout avant la concurrence de Tsing-Tao, le choix que les Anglais ont fait à leur tour de l’emplacement de Weihaiwei, à l’extrémité de cette presqu’île du Chantoung, confirment l’excellence du choix des Allemands. Nous devons ajouter que le climat de cette province chinoise est considéré comme très sain, les épidémies qui frappent la population indigène sont le résultat de la misère et de l’absence de toutes connaissances hygiéniques ; le thermomètre n’y descend pas très bas en hiver, et la chaleur est fort supportable en été.

On se trouve, quand on s’attaque commercialement au Chantoung, en face d’une population qui représente quelque trente millions de consommateurs possibles, répartis à raison de 175 à 180 habitans par kilomètre carré. Cette population est en somme laborieuse et tranquille ; elle est massée sur divers points en grandes villes de plusieurs centaines de mille habitans, comme à Tsinan-Fou : ce point devait devenir un remarquable terminus (considéré comme provisoire) pour la voie ferrée de pénétration que l’on ne tarderait pas à construire, pour mettre le pays en coupe réglée au profit des industriels et commerçans allemands. Sans doute les voies de communication n’étaient pas abondantes, mais il en est ainsi dans toute la Chine. Les champs, les vergers, les fermes indigènes qui émaillent le pays promettaient des produits divers d’exportation. L’arachide, en particulier, devait fournir de la matière première pour ces industries oléicoles qui prennent tant d’importance dans nos régions