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satisfaire de la sorte aux ambitions et aux réclamations de la puissante Kolonial Gesellschaft, résultat de la fusion des deux sociétés que nous avons citées plus haut. C’est sous son influence que le territoire de Kiaou-Tchéou a pris naissance… par une spoliation de la Chine.

Il y avait déjà longtemps que les projets d’implantation allemande en Chine avaient germé dans la tête de l’Empereur et le cerveau des militaires, aussi bien que des coloniaux. L’occupation préméditée devait répondre, comme nous l’avons laissé entendre, à des buts multiples. L’Allemagne souffrait de voir de grandes nations européennes comme la Grande-Bretagne ou la France détenir de vastes possessions en Extrême-Orient ; il était temps qu’elle fût, elle aussi, représentée dans le monde extrême-oriental par des territoires importans où flotterait son drapeau. Au reste, ses commerçans avaient déjà trouvé ce chemin de la Chine pour des relations d’échanges sérieuses ; il fallait les consolider, et aussi utiliser les capitaux de plus en plus abondans dans l’Empire à créer des exploitations industrielles, minières en particulier, dans ces régions si remarquablement étudiées par Richtoffen. On espérait de plus que ces capitaux trouveraient des emplois non moins rémunérateurs sous la forme de voies ferrées, qui faciliteraient encore l’introduction en Chine des marchandises allemandes, de la camelote à bon marché. Il y avait là une question de débouchés, en même temps qu’une question de domination guerrière.


Pendant toute l’année 1896, la flotte allemande avait longé le littoral chinois, étudiant les diverses baies où l’on pourrait créer un arsenal, un port de commerce, un appui pour les ambitions ultérieures, un point de pénétration pour le commerce. L’Angleterre observait, sans pouvoir s’opposer effectivement à la réalisation d’un projet qui allait l’atteindre, en créant une concurrence à son propre établissement de Weihaiwei. Se souvenant des indications données par Richtoffen et par d’autres explorateurs, les représentans du gouvernement allemand ne devaient pas tarder à jeter leur dévolu sur le Chantoung, à une distance assez faible de Tché-Fou, port extrêmement important et florissant du Nord de la Chine. Il est à remarquer que ce Richtoffen (qu’il faut encore mettre à contribution quand on