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civiles ; elles allaient de pair, puisque tout ce qu’on avait fait comme port, comme réorganisation de la ville, etc., avait eu, avant tout, un but de domination, d’emprise allemande.

Si nous avions examiné un budget moyen aux environs de l’époque où écrivait M. Von Kœnig, nous aurions pu tabler sur un total de dépenses de douze millions et demi de marks (ce qui fait bien près de seize millions de francs) : les dépenses ordinaires de l’administration militaire étaient de 1 800 000 marks, sans parler de deux millions et demi affectés au personnel de l’établissement militaire. On comptait, d’autre part, un peu plus de trois millions et demi de marks pour les dépenses extraordinaires consacrées à la construction des ports, dix millions pour la construction de la ville, autant pour les maisons ouvrières dépendant de cette reconstitution, 800 000 marks pour l’armement et l’amélioration des forteresses. Tout cela laissait entendre que les préoccupations militaires tenaient la première place dans le budget et dans la vie du Protectorat.

Ce qui n’empêchait pas, comme nous le verrons, les échanges, l’introduction de marchandises allemandes, l’exportation des produits du territoire et surtout de la province voisine, de se développer puissamment à l’aide des installations créées.


Le plan adopté pour le nouveau port de Tsing-Tao est des plus intéressans ; il a donné de beaux résultats. On a établi ce nouveau port, qui est en réalité double, dans la partie occidentale de la baie. Si on contourne l’extrémité de la presqu’île sur laquelle Tsing-Tao est construit (nous entendons la nouvelle ville), et si on passe du Sud à l’Ouest, on va trouver d’abord le petit port destiné aux jonques et aux navires de tirant d’eau réduit ; cette destination spéciale n’a point empêché de munir les quais du port, des engins voulus pour la manutention des marchandises. En allant plus loin, on rencontre le grand port, établi tout à fait artificiellement à l’abri de deux môles, et aussi le dock de carénage. Il a été construit à l’aide de blocs naturels et de blocs en béton, les môles formant deux branches d’un gigantesque fer à cheval. Ces deux môles ont un développement de quelque 5 kilomètres, et une largeur de 5 mètres à la base ; ils dominent l’eau de 2m, 50. Entre les deux points où