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privilégiés auxquels devra s’appliquer un traitement de laveur et dont l’équipage aura cinq minutes pour se sauver.

Je disais tout à l’heure que les sous-marins n’étaient pas les seuls moyens auxquels nos ennemis auraient recours pour faire le désert autour des côtes anglaises. Je citais les « Zeppelins » et les grands aéroplanes, les flottilles de bâtimens légers, les grands croiseurs même…

Quelques mots là-dessus.

Pour les appareils aériens, le doute ne me semble pas possible. On sait quelle importance le chef de l’Empire germain attache à l’action terrorisante de ses merveilleux dirigeables, — dont deux viennent de périr misérablement sur la côte occidentale du Jutland. C’est pour obtenir une certaine combinaison de leurs opérations avec celles des sous-marins qu’il est venu à Cùxhaven ces jours-ci, puis à Helgoland. Mais, dans l’état présent des choses, cette combinaison n’est pas aisée. Si, avec les grands sous-marins, on ne peut s’assurer l’essentiel bénéfice de la continuité de l’effet destructeur, que dire des Zeppelins, dont l’action a jusqu’ici et gardera longtemps encore un caractère si précaire ! Ces engins frappent comme la foudre, soit ! Mais la foudre est capricieuse et ses effets sont étroitement limités dans le temps. Tout ce que l’on pourra demander aux aéronefs, aussi bien qu’aux aéroplanes allemands, c’est une certaine simultanéité de leurs efforts avec ceux des submersibles. Encore faudra-t-il que, dans la phase qui commence, les circonstances atmosphériques se prêtent à leur mise en jeu. On vient de voir qu’il suffit d’une chute de neige inopportune pour les désemparer.

Peut-on attendre un meilleur résultat de l’emploi des flottilles de bâtimens légers, torpilleurs et petits croiseurs ? Il est incontestable que si, en même temps que les U17, — et les suivans, — agiraient dans la mer d’Irlande, une quarantaine de « destroyers » allemands se jetaient sur l’estuaire de la Tamise et de la Medway, l’effet moral d’une telle combinaison aurait quelque intensité. Que de bâtimens, et non des moindres, pourraient être ainsi coulés en quelques heures !

Mais, à la grande surprise de beaucoup de marins, ces grands torpilleurs allemands si bien construits, si rapides, si bien manœuvres, — car ils étaient soumis à un remarquable entraînement, — n’ont rien fait de saillant dans cette guerre. Du moins n’ont-ils pas su, ou pas pu agir isolément (j’entends