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qu’il réussit à enfoncer le 22 octobre, occupant Tervaete et prenant pied « pour la première fois sur la rive gauche de l’Yser[1]. » La première division belge, refoulée, mais non rompue, nous fait savoir qu’elle contre-attaquera le lendemain, appuyée par notre artillerie. Nous lui enverrions bien, en outre, un ou deux de nos bataillons de réserve. Mais, le lendemain, Dixmude et nos tranchées extérieures sont soumises à un tel bombardement que nous n’avons pas trop de toutes nos forces pour résister. Les Allemands utilisent évidemment les plus gros calibres, de 21 et peut-être de 28. Leur infanterie, malgré tout, ne peut entamer nos tranchées. Nous faisons quelques pertes, tant en tués qu’en blessés, dont le commandant Delage, « colonel » du 1er régiment, qui, une fois pansé, ne voudra pas rester à l’ambulance et reprendra son commandement avant d’être guéri. Mais, à Tervaete, les choses n’ont pas aussi bien tourné pour nos alliés : si, après l’échec d’une première tentative, une seconde contre-attaque, plus vigoureusement menée, est parvenue « à rejeter les Allemands dans la rivière ou sur l’autre rive, » c’est là, reconnaît le Courrier de l’Armée belge, un « succès passager, car, le soir, des renforts allemands reprirent l’attaque et emportèrent Tervaete. » Notre artillerie avait fait de son mieux en la circonstance ; mais, couverte par le tintamarre des grosses pièces allemandes, elle n’était pas de taille à soutenir longtemps la conversation. « Nous n’avons toujours à notre disposition que les petits canons belges, écrivait le matin du 22 l’enseigne M… Pourtant on nous annonce deux batteries de 155 court et deux de 120 long. » Elles arrivèrent dans la soirée. « À la bonne heure ! Maintenant peut-être va-t-on pouvoir causer avec les Boches. »

Mais déjà n’est-il pas trop tard ? Dixmude n’est inexpugnable qu’autant qu’on ne peut la prendre à revers. Et l’ennemi, qui a fini par occuper toute la boucle de Tervaete, s’infiltre d’heure en heure dans la vallée de l’Yser. En dernier lieu, on le signale à Stuyvekenskerke. La 42e division d’infanterie française

  1. Courrier de l’Armée belge. La pression, dit cet officiel, était très forte depuis le 20. Ce jour-là, « une furieuse canonnade de pièces de tous calibres » avait été « dirigée contre les lignes belges. Une ferme comprise dans le front de la deuxième division fut prise par les Allemands, reprise par les Belges et reperdue à nouveau… » Le 21, une attaque sur Schoorbaekke, combinée avec l’attaque sur Dixmude, échoua devant l’héroïsme de nos alliés. « Mais les Belges s’épuisaient… »