portion congrue, dut se contenter des paquebots postaux et des vapeurs affrétés par la Marine pour le transport du matériel de guerre. En 1906, le chiffre des entrées ne dépassait pas 5 360 tonnes. Autant dire que le port marchand n’existait pas. Sans doute il est beaucoup plus aisé de grossir un courant commercial établi, que d’en créer de toutes pièces un nouveau. Mais, comme il passe annuellement 15 000 navires devant Bizerte, ne pouvait-on croire que quelques-uns y viendraient renouveler leur approvisionnement de combustible ? Or la C. P. B. édicta des tarifs élevés, au lieu de déclarer, pour commencer, la franchise du port dépourvu de fret de retour.
Tout va changer désormais, la ligne des Nefzas et celle de Béja-Mateur devant amener à Bizerte 300 000 tonnes de minerai par an, qui donneront au port marchand l’aliment nécessaire.
La ligne Béja-Mateur, inaugurée en mai 1912, côtoie les Djebels Antrah, Blida et Tahent, riches en gïsemens de calamine. D’autre part, les mines des Nefzas comprennent plusieurs gisemens de minerai de fer exploités par la Compagnie Mokta-El-Hadid. La ligne entière (dont il ne restait plus que 40 kilomètres à construire en mai 1912) entrera sous peu en exploitation.
La découverte de sources de pétrole dans les parages de Jubal (Mer-Rouge) a fait concevoir quelques craintes pour l’avenir charbonnier de Bizerte. En mai 1912, la Compagnie des phosphates de Gafsa a reçu l’autorisation de rechercher du bitume et du pétrole en territoire militaire. Des suintemens de pétrole déjà relevés permettent d’espérer que les prospecteurs découvriront de véritables sources.
De nouveaux tarifs, édictés en 1907, favoriseront le mouvement commercial : un vapeur de 2 000 tonneaux qui payait 645 francs pour charbonner n’en paiera plus que 95.
L’arsenal de Bizerte verra croître à son côté un port ouvert au commerce international. En avril 1909, les ministres de la Guerre et de la Marine étaient d’accord sur le principe du port de commerce et la question, restée sans solution depuis vingt ans, reprit une actualité singulière : où placer le port marchand ? Ce problème souleva jadis des discussions très chaudes. Pour abréger les opérations des vapeurs et prévenir les indiscrétions possibles, sinon les tentatives d’espionnage, on songea d’abord à sacrifier l’avant-port aux transactions commerciales. Mais,