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s’est particulièrement étendu sur le problème chinois, qui parait sommeiller en ce moment, mais qui se réveillera certainement au cours du XXe siècle et qui réserve plus d’une surprise à nos descendans.

Il cessa d’écrire à la Revue pendant les années suivantes, à cause de nombreuses occupations qui absorbèrent son activité. A l’Economiste français, il prit place en 1910, comme directeur-adjoint, aux côtés de celui qui était, de toutes façons, son maître, son inspirateur, qui avait été son éducateur et qui se plaisait à voir en lui le digne continuateur de sa grande œuvre. Il nous donna en 1912 un dernier article sur l’Organisation de l’empire britannique, à propos de la conférence impériale de Londres et des élections canadiennes.

Son département à l’Economiste français fut celui des Affaires étrangères : il y étudiait les problèmes économiques, financiers, sociaux qui se présentent dans le monde moderne avec une rapidité et une intensité croissantes, et qui réclamaient à tout instant les investigations d’un écrivain si bien préparé à initier le lecteur français aux problèmes qu’il abordait. Cette collaboration a duré jusqu’à la fin de sa vie. Elle fut féconde ; elle obligeait le savant à faire part au public du fruit de ses immenses lectures, nous disons avec intention qu’elle l’obligeait : car, chose curieuse, ce n’était qu’à la dernière minute qu’il se décidait à écrire ses articles, qu’il envoyait souvent en deux ou trois morceaux à l’imprimerie, impatiente de recevoir la copie attendue. Il avait cela de commun avec le célèbre chroniqueur politique de la Revue, Forcade, que Buloz était obligé d’enfermer à double tour lorsque arrivait l’heure de lui réclamer son manuscrit. Ce n’est que sous cette menace qu’il écrivait des pages demeurées classiques sur la politique étrangère. Pierre Leroy-Beaulieu éprouvait cette hésitation à prendre la plume, dont souffrent parfois les hommes dans le cerveau desquels se pressent le plus grand nombre d’idées. Il était tellement plein de son sujet, qu’il cherchait, non pas ce qu’il avait à dire, mais ce qu’il fallait taire. De là cette méthode de travail in extremis, qui amenait, dans les heures des repas de famille, une irrégularité acceptée avec une bonne grâce souriante par celle qui fut son admirable compagne.

C’est en 1900 qu’il avait épousé Mlle Hourblin. Le mariage fut célébré dans la cathédrale de Reims. N’y a-t-il pas quelque