principes, qui ne méritait la tendresse de personne ; comme un « pirate universel » qui, « à force d’enflammer les passions de deux grandes Puissances et de les abandonner l’une et l’autre en prétendant les servir, avait réussi à s’élever au-dessus du rang où il était né. » — « Le public ne se trompait pas beaucoup. » — « Ce prince, pour lequel la France avait tant souffert, était-il un allié reconnaissant, ou même un allié honnête ? N’avait-il pas été aussi perfide envers la cour de Versailles qu’envers la cour de Vienne ? N’avait-il pas joué, sur un grand théâtre, le rôle que joue, dans la vie privée, le vil agent de chicane qui pousse ses voisins à se quereller, les entraine dans des procès ruineux et interminables, et les trahit tous à la ronde, certain que la ruine des uns ou la ruine des autres ne manquera pas de l’enrichir ? N’est-il pas notoire qu’il ordonna plusieurs fois secrètement à ses officiers de piller et de démolir les maisons de certaines personnes auxquelles il en voulait, tout en leur recommandant de prendre leurs mesures de façon que son nom ne pût pas être compromis ? Pendant la guerre de Sept Ans, il agit de la sorte envers le comte Brühl. »
Il ne néglige aucun moyen. « Aussitôt Dresde occupé, Frédéric voulait commencer par s’emparer des papiers d’État de la Saxe ; car il savait bien que ces papiers prouveraient d’une façon péremptoire que, quoiqu’il fût en apparence l’agresseur, il agissait réellement dans l’intérêt de sa propre défense. La reine de Pologne, qui connaissait aussi bien que Frédéric l’importance de ces documens, les avait emballés, les tenait cachés dans sa chambre à coucher et allait les envoyer à Varsovie, quand un officier prussien se présenta devant elle. Dans l’espérance qu’un soldat n’oserait pas outrager une femme, une reine, la fille d’un empereur, la belle-mère d’un dauphin, elle se plaça devant le coffre et finit par s’asseoir dessus. Mais toute résistance fut inutile. Les papiers furent portés à Frédéric, et il y trouva, selon son attente, la preuve évidente des desseins de la coalition. Il fit aussitôt publier les documens les plus importans, et l’effet de la publication fut grand. Tout le monde vit que, quels que fussent les péchés dont le roi de Prusse ait pu se rendre autretrefois coupable, il était maintenant l’offensé, et qu’il avait seulement prévenu un coup destiné à l’anéantir. »
Tout de suite il exploite le pays conquis, y lève des soldats et des impôts : « Moitié par force, moitié par persuasion,