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le public ? Pourquoi pas ? Cette Opinion dont je parlais tout à l’heure est pour elle, et non pas seulement chez nous et chez nos alliés, mais même chez nos adversaires. J’entends par-là que ceux-ci en reconnaissent la haute portée et, quelques-uns, le succès probable. Et puis, comme on l’a fort bien écrit ici même, il y a quinze jours, « les puissances alliées ont dû faire ce qu’elles ont fait. Et il était temps qu’elles le fissent, car on commençait à dire un peu partout que, dans cette guerre, toutes les initiatives énergiques étaient du côté de l’Allemagne et de ses alliés. A leur tour, la France, l’Angleterre et la Russie portent la guerre chez l’ennemi. » Oui, certes ! Enfin !… Et c’est pour cela qu’elle est populaire, cette nouvelle croisade politico-militaire, qui, au demeurant, ressemble si fort à celle de 1204.


Tout en organisant l’expédition avec l’essentiel le préoccupation de proportionner exactement l’effort au but poursuivi et à la résistance que l’on devait rencontrer sur la route, il n’était pas interdit aux Puissances alliées de faire quelque fond sur le concours que certaines amitiés, en apparence fort vives et, mieux encore, d’évidens intérêts ethniques semblaient nous assurer. Ces espoirs ne se sont pas réalisés. Tant d’éloquentes protestations de reconnaissante fidélité ne nous procurent, pour le moment, que les avantages qui résultent, pour un belligérant obligé d’emprunter la voie de mer, de la neutralité bienveillante d’un voisin immédiat du théâtre d’opérations. On a parlé ces jours-ci, à ce sujet, de deux îles assez proches des Dardanelles et tombées aux mains des Grecs pendant la guerre balkanique. Il en est une autre, plus rapprochée encore et qui appartient aux Turcs, sans que ceux-ci en aient pu organiser la défense. C’est Imbros, qui a un port passable. Notons, en tout cas, la classique Ténédos et la baie ouverte de Besika, dont le sûr mouillage est le point de rassemblement traditionnel des flottes au moyen desquelles on veut peser sur la Porte ottomane. Quelle que soit la solution définitivement adoptée, les escadres alliées organisent certainement déjà l’indispensable jalon terminal de leur ligne de ravitaillement. Cette ligne, qui, passant par Bizerte et Malte, traverse la mer Ionienne, prête le flanc aux tentatives de la flotte autrichienne. Celle-ci, en effet,