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REVUE LITTÉRAIRE

UN ROMANCIE BELGE : M. EDMOND GLESENER[1]

Dans un précédent article, j’ai noté les caractères de la récente littérature belge et, principalement, ce vif amour du sol natal, des paysages familiers, des coutumes, qui anime les récits des conteurs et leur donne la signification la plus émouvante. Je n’ai pas mentionné, le réservant pour une étude moins générale, un des écrivains qui témoignent le mieux de la volonté commune et qui aussi montrent une originalité attrayante. M. Edmond Glesener. Ce n’est pas que je veuille le présenter comme un grand écrivain déjà. Son œuvre, toute pleine de défauts, a premièrement l’inconvénient d’un style imparfait, souvent joli, plus souvent négligé, encombré de néologismes, de mots hasardeux : puis les phrases sont quelquefois molles et bavardes. Presque toute la jeune littérature belge, à mon avis, mérite ce reproche ; et c’est dommage. Il y a, je le sais, dans le vocabulaire et dans les tours de syntaxe qui étonnent le lecteur français, beaucoup de particularités belges. Eh bien ! je ne les réprouve pas toutes également : les unes sont amusantes, savoureuses ; les autres, non. Il faut choisir et, en choisissant, ne pas oublier qu’une littérature de langue française, florit-elle hors de chez nous, a le devoir de ne se point émanciper outre mesure, de suivre l’usage ancien de la langue et de trouver sa liberté dans la juste connaissance de cet usage. Consacré par des siècles, sans cesse ; enrichi, trop riche même, et soupir infiniment, le français, tel que nos meilleurs écrivains l’ont peu à

  1. « Chronique d’un petit pays, » Monsieur Honoré (Association des écrivains belges). Du même auteur, Histoire de M. Aristide Truffaut. artiste découpeur {.Mercure de France) ; et Le cœur de François Rémy Juven).