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Les riches eux-mêmes s’habilleront simplement en étoffes faites à l’intérieur. Les femmes prendront le deuil ; quiconque aura de beaux habits sera traité comme Autrichien… Pendant la nuit, tirer des coups de fusil, pousser des cris, sonner les cloches à l’improviste, appeler sans cesse aux armes ; l’ennemi sera ainsi contraint de disséminer ses forces… Le peuple devra se réunir tous les soirs dans les églises et prier Dieu de nous délivrer de nos malheurs, préparer les faux, les haches, les couteaux et toutes espèces d’armes, faire sauter les poudrières, mettre le feu aux casernes, par des actes terribles et incessans, bien convaincre l’ennemi que notre sol le dévorera, s’il ne nous détruit pas tous… »

Au moment du siège de Rome par le général Oudinot, nous retrouvons la princesse Cristina dans Rome, entourée de discoureurs Piazza del Popolo, juchée sur un banc. Mais ici son rôle est autre ; elle soigne les blessés et administre, avec beaucoup de génie organisateur, les hôpitaux romains. Dans une lettre qu’elle écrira plus tard à Mme Jaubert, elle lui dira combien elle eut de peine à surveiller les gardes-malades qu’elle avait stylées : quelques-unes étaient belles, toutes étaient jeunes, et les blessés aussi étaient jeunes… Alors elle prenait d’autres gardes-malades édentées, et contrefaites. Mais, conclut-elle : « Cela ne remédiait à rien ! » Pourtant, elle ne dit pas à son amie, ce que j’ai lu je ne sais où, qu’à son approche, les blessés qu’elle-même soignait, avaient tous une recrudescence de fièvre !

Après la prise de Rome, il semble que la déception que lui a causée le siège de cette ville par nos troupes, ait profondément atteint la princesse Belgiojoso. D’autre part, Milan était retombé aux mains de l’ennemi, qui s’empressa de confisquer encore une fois ses biens. Enfin Radetzky, resté seul par suite de la fuite des autorités, devint le despote le plus impitoyable et inventa un système de contributions extraordinaires, de rançons proportionnelles à leur fortune pour chaque individu de la noblesse « ou de la haute bourgeoisie milanaise. »

« J’ai déterminé, proclame-t-il le 11 novembre 1848, qu’une contribution extraordinaire serait frappée sur :

1° Les membres du gouvernement provisoire ;

2° Ceux qui ont fait partie de divers comités ;

3° Ceux qui se sont mis à la tête de la Révolution, ou qui