louangeuses sont et seront impuissantes pour dire la magnificence du spectacle ; la réunion du beau dans la nature, du beau dans l’art, ces deux sources si vives de joies si pures, tout cela se trouve ici. L’impression ressentie aujourd’hui sera toujours grande et ineffaçable…
« Quel est donc le secret de la nature ? La dernière impression qu’elle vous donne vous paraît toujours la plus forte. J’avais vu déjà de splendides choses avant de venir en Grèce ; puis, arrivé à Patras, je me dis : « Je n’ai rien vu encore de si beau. » Je m’en dis autant à l’isthme de Corinthe et voilà que j’en redis encore autant à présent. Eh bien ! disons-le bien franchement : non, je n’ai rien vu de plus beau que le golfe de Salamine. Il me parait tout naturel que les hommes qui habitaient cette merveille de Dieu fussent les premiers artistes : ils n’avaient qu’à se laisser aller. La forme et la couleur, ces deux grands maîtres de l’art, n’étaient-ils pas toujours présens à leurs yeux ? « Nous passons devant Mégare, devant l’île de Salamine, les noms de Xerxès, de Thémistocle bourdonnent autour de moi, je me sens belliqueux, et moi aussi j’aurais défait les Perses.
« Puis le ciel se découvre peu à peu, les montagnes du fond encore teintées par l’éloignement forment un rideau magnifique ; un rayon de soleil traverse les nuages, et, au détour de Salamine, vient éclairer et dorer le Parthénon, en mouchetant de lumière les roches de l’Acropole.
« Eh bien ! oui, j’ai pleuré de bonheur, d’émotion ; c’était ma chère Acropole si ardemment désirée, si souvent et si longtemps rêvée. Combien elle me parut encore plus belle que mes rêves ! Quelle exquise finesse de lignes, quelle fière tournure ! Gloire à Dieu, j’ai vu l’Acropole !
« Nous avions été attendus à Kalamaki, dans le nouveau paquebot, par un Grec envoyé par Beulé, et qui devait nous éviter les ennuis du débarquement. Grâce à lui en effet, nous’ évitons toutes les visites de la douane, les offres des cochers ou des bateliers, et nous débarquons au Pirée comme on débarque à Saint-Cloud.
« Le Pirée, qui s’agrandit de jour en jour, n’a à peu près aucun caractère ; c’est une ville qui se fait et se défait en partie. Nous prenons la grande route blanche qui va à Athènes, nous passons le Céphise, tout desséché, nous traversons de grands