la question marocaine, de l’autre la lutte d’influences sur les Balkans. — Des deux côtés, chaque fois qu’une contestation, un dissentiment s’élève, c’est désormais l’épée au poing ou le poing sur la table que l’Allemagne apparaît, ayant généralement près d’elle son brillant second, qui pouvait, le moment voulu, être poussé au premier rang, au rôle décisif.
L’affaire du Maroc n’a été pour elle qu’une série de provocations, de coups de théâtre. Tanger, Agadir, suivis ou entrer mêlés de négociations tumultueuses et agitées ressemblant à des essais d’intimidation ou à des menaces ; — A partir de 1908-1909, la série des événemens en Turquie et sur les Balkans ne lui est de même qu’une occasion de chercher à mettre en échec la politique russe, les aspirations slaves, les espérances des États balkaniques. Lorsqu’en 1909, après l’annexion de la Bosnie-Herzégovine, l’Autriche-Hongrie, par l’organe du comte d’Ærenthal, expose un programme d’action et d’absorption qui est un défi pour la Russie et une menace pour les États slaves, l’Allemagne, par son ambassadeur à Pétersbourg, fait rudement savoir qu’elle se tient tout entière, avec toutes ses forces, aux côtés de son alliée. Partout les intimations péremptoires, les veto, les quos ego ! L’Allemagne en arrive peu à peu à penser, et elle fait partager ce sentiment à son alliée, qu’un mot d’elle, un geste suffit pour arrêter toutes les contradictions ou résistances.
L’empereur Guillaume II, à cette date, et bien que contenu encore en quelque mesure jusqu’au mois de mai 1910 par le roi Edouard VII dont le bon sens et la clairvoyance le gênent, a pris l’habitude de mener lui-même et directement les négociations difficiles. Il télégraphie en personne aux souverains, ou même au président des États-Unis, comme il a fait pendant la Conférence d’Algésiras. Il croit par ses parentés, alliances ou relations avec presque toutes les cours, les tenir à sa discrétion, ou même leur imposer la domination de son génie. — Après la mort d’Edouard VII, il se croira plus libre, plus maître. Il se figurera que, sans rien abandonner de ses prétentions ou du ton qu’il a adopté, il peut flatter cependant et leurrer encore certains souverains auxquels il prodigue ses visites ou ses télégrammes.
La guerre italo-turque de 1911, la guerre balkanique de 1912-1913 furent pour lui une déception profonde, un grave