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cheminée, bahuts et paniers en bouse de vache, c’est là que Constantin prendra son domicile ordinaire et fera notre cuisine ; au-dessus et communiquant avec une échelle et par une trappe, une pièce d’environ six pieds sur dix. La moitié de cet endroit est occupée par un grand coffre à grains ; élevé de deux pieds au-dessus du sol, il ressemblait à un lit de camp ; c’est là-dessus que nous mettons nos matelas. La chambre est haute d’environ six pieds au-dessus de la partie la plus basse, ce qui ôte toute envie de se tenir debout au-dessus du coffre à grains. Pour ouverture, une porte donnant sur une terrasse couvrant la salle de nos hôtes, une fenêtre fermant par un volet sans croisées ni vitres, plus une dizaine de trous qui avaient servi aux échafaudages et qu’on avait oublié de boucher, ce qui permettait aux vents de nous faire de petites visites en sifflotant. Une autre petite fenêtre d’un pied carré, toujours avec un volet pour fermeture approximative, et quelques lézardes dans le plafond, deux tabourets ou escabeaux de bois, un banc, une petite table qui encombrait la pièce, une cruche d’eau, un verre et une tablette, voilà notre habitation. Du reste, cela était encore assez propre pour un intérieur grec, et l’on balaye devant nous et le coffre et les planches.

« Quant à la nourriture, nous y trouverons des poules, on pourra de temps à autre nous dénicher un agneau, et avec le riz, les pommes de terre et le café que nous avons emportés, la nourriture ira assez bien, le vin aussi, vin résiné encore et bon ; je m’y habituerai.

« Après avoir déjeuné à la cahute, nous repartons avec un seul cheval pour porter nos échelles au temple. Il y a un peu moins d’une heure de marche par un chemin fort ardu, moitié fait, moitié à faire ; on traverse des échelles et des escaliers de pierre, le tout couvert de lentisques, de genêts, d’anémones surtout. Pierres et fleurs entremêlées, c’est encore un jardin comme végétation, une carrière comme terrain.

« En arrivant au temple, la solitude que je me plaisais d’y rencontrer était troublée par une dizaine de gens que nous apercevions de loin grimpés sur les ruines ou accroupis dans les agnus castus. C’était l’équipage du Mercure. Malgré l’ennui que me causaient ces visiteurs, je renouvelle connaissance avec le commandant, qui, ainsi que je le pensais, m’aurait offert son brick, s’il eût su notre traversée.