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condamner toute politique qui déchaîne le fléau de la guerre. Sa répugnance a laisser la Grande-Bretagne s’engager dans une lutte continentale n’a pris fin que devant l’acte de lâcheté commis par l’Allemagne contre l’impuissance d’un petit peuple libre ; elle s’est transformée en un désir inflexible de punition et de vengeance, en apprenant les hauts faits de la soldatesque allemande en Belgique.

C’est cette nation, douée d’une véritable grandeur morale, que les orateurs et les pamphlétaires ennemis osent accuser aujourd’hui d’avoir organisé la coalition qui barre la route à leurs ambitions ; c’est la main de l’Angleterre qu’ils dénoncent tissant la trame des intrigues prétendument ourdies contre leur patrie. Ils ne connaissent pas mieux la nation britannique que ne la connaissaient Treitschke et ses disciples, quand ils prétendaient qu’elle n’est qu’un ramassis de marchands âpres au gain et dénués de vertus militaires ; ils la jugent aussi mal que le faisait M. de Bethmann-Hollweg, qui s’indignait qu’elle attachât tant de valeur à un traité suranné. Les préliminaires de la guerre actuelle ont montré l’honnêteté et les scrupules de la diplomatie anglaise à côté de la mauvaise foi de la diplomatie germanique ; ils ont mis en belle lumière la loyauté de la Grande-Bretagne et de ses ministres au regard de la duplicité de l’Allemagne et de ses fonctionnaires impériaux.


BEYENS.