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renoncer à de semblables pratiques. En voici la conclusion : « Le gouvernement impérial allemand n’aura pas à espérer que le gouvernement des États-Unis négligera de réclamer ou d’avoir recours à tout acte nécessaire à l’exécution de son devoir sacré, qui est de soutenir les droits des États-Unis et de ses citoyens, et d’en sauvegarder le libre exercice et la jouissance. » La pensée de M. Wilson est très claire et l’expression n’y a pas fait défaut. A l’exception des Américains-Allemands, l’Amérique tout entière s’est rangée autour de son président. Elle attend, nous attendons avec elle la réponse de Berlin.

Quant au Cabinet anglais, il a senti le besoin d’admettre dans son sein des représentans de l’opposition. Cela ne s’était jamais fait en Angleterre ; cette nouveauté est en dehors de toutes les traditions ; mais la responsabilité qui pesait sur le gouvernement était lourde, et la censure l’en défendait assez mal. Une fois sa résolution prise, M. Asquith l’a exécutée largement. L’opposition a demandé huit portefeuilles, il les lui a donnés, et les hommes les plus considérables du parti conservateur, M. Balfour, lord Lansdowne, M. Bonar Law, sir Ed. Curzon, M. Austen Chamberlain sont entrés dans le ministère. Un socialiste, M. Henderson, a été mis à l’Instruction publique, ce qui est une affectation un peu imprévue, mais n’a sans doute pas grande importance en ce moment. Lord Kitchener reste heureusement à la Guerre, mais on a mis M. Lloyd George à la tête d’un ministère nouveau, qui sera chargé des munitions de guerre. M. Asquith reste naturellement Président du Conseil et sir Ed. Grey ministre des Affaires étrangères. Il ne serait pas juste de dire que, dans les circonstances actuelles, le ministère d’hier n’était qu’un ministère de parti ; le sentiment de son devoir s’élevait beaucoup plus haut ; mais celui d’aujourd’hui, réunissant les forces de tous les partis, est un ministère vraiment national.


FRANCIS CHARMES.