Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 27.djvu/805

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

augmenter sa circulation. Toutefois cette augmentation est modérée par rapport au chiffre de l’encaisse et ne doit causer par elle-même aucune inquiétude. Ce n’est pas elle qui a amené la dépréciation du change qui s’est manifestée depuis quelques mois. Le rouble, dont la valeur au pair est de 2 fr. 67, n’est plus coté aujourd’hui qu’aux environs de 2fr. 15. Cela tient à ce que la fermeture des Dardanelles a temporairement rompu l’équilibre du commerce extérieur. Tous les ans, des quantités considérables de céréales s’exportent par la Mer-Noire et fournissent aux négocians moscovites des crédits à l’étranger, qui forment la contre-partie des sommes que l’Empire doit payer au dehors, avant tout les coupons de sa Dette. L’absence de ces remises s’est traduite par la dépréciation temporaire du rouble, qui se relèvera aussitôt que les navires franchiront les Dardanelles et transporteront leurs cargaisons à Gênes, Marseille et Liverpool. C’est en partie pour parer aux difficultés nées de cette situation qu’ont été conclus les arrangemens entre les Banques de France et de Russie, en vertu desquels la première a fait à la seconde des avances, dont elle a été couverte par l’inscription de la contre-valeur à son crédit à Pétrograd.

En dépit de cette complication passagère, la situation financière de la Russie se présente sous un jour rassurant. De tous les belligérans, elle est peut-être celui qui a, sur son propre territoire, les ressources les plus complètes, puisqu’elle exporte tous les ans une partie de ses récoltes. A l’exception de certains impôts qui frappent les bénéfices des sociétés industrielles et commerciales, la taxation, dans son ensemble, est modérée, et ne contrarie en rien le développement de cet immense empire, où l’agriculture d’une part, les mines et les usines de l’autre, sont appelées à progresser dans une proportion à laquelle il est difficile d’assigner des limites.


V. — ALLEMAGNE

Dans son discours du 10 mars 1915, le secrétaire du Trésor, M. Helfferich, a rappelé que deux crédils de 5 milliards de marks chacun avaient déjà été ouverts ; et il en a demandé un nouveau de 10 milliards de marks. Ce total de 20 milliards (25 milliards de francs) dépasserait les besoins de la première année, évalués au début, y compris les dépenses de la