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à l’émission impériale. En admettant l’exactitude matérielle du chiffre des souscriptions pompeusement proclamé et qui atteindrait, d’après les communiqués plus ou moins officiels, 4 milliards, il convient de remarquer qu’elles ont été obtenues à l’aide d’un échafaudage de papier qui a permis de représenter par des billets une partie de la fortune mobilière du pays.

Ce procédé a été employé, dans une mesure encore plus large, lors de la seconde émission au mois de février 1915. À ce moment, des appels pressans, de véritables objurgations ont été adressés aux particuliers, aux sociétés financières et industrielles, aux corporations de toute nature. On engageait les porteurs de titres du premier emprunt de guerre à les apporter aux Caisses de prêts, qui leur faisaient, sur cette garantie, des avances, au moyen desquelles ils souscrivaient aux nouveaux titres. La Banque impériale multiplia les avances sur des titres de toute espèce et accepta à l’escompte, les yeux fermés, tout le papier qu’on lui présentait.

L’Empire émettait simultanément, au cours de 98,50, un emprunt 5 pour 100 non remboursable avant 1924, et des bons du Trésor 5 pour 100 remboursables un quart le 2 janvier 1921, un quart le 1er juillet 1921, un quart le 2 janvier 1922, un quart le 1er juillet 1922.

On a annoncé que des quantités énormes de cet emprunt avaient été demandées par le public. Les journaux ont imprimé en gros caractères : « La victoire des neuf milliards. » L’avenir nous apprendra comment auront pu se liquider les fragiles opérations de crédit au moyen desquelles ces milliards ont été obtenus.

Le budget impérial n’est d’ailleurs pas seul en quête de ressources ; ceux des États particuliers sont tous en déficit, par suite d’une diminution générale des recettes, notamment de leurs chemins de fer. D’autre part, ils n’ont pas voulu ralentir certains ordres de dépenses, telles que celles des travaux publics. Ils ont aussi été amenés à faire des avances aux communes et aux arrondissemens, en vue des allocations aux familles des combattans. Ils ont participé à la formation du capital des Caisses de prêts, contribué à l’achat de denrées, au soutien des invalides. Mais, pour ne pas contrarier les opérations du Trésor impérial, il s’est établi un accord, en vertu