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du vol de l’envahisseur son encaisse métallique, ses billets et ses machines à graver, le gouverneur allemand de Bruxelles a enjoint à un établissement de banque qui avait eu jadis, avant la fondation de la Banque Nationale, le droit d’émission, la Société Générale, de créer des billets. Cette circulation devait, en principe, être gagée, comme l’était celle de la Banque Nationale, par une encaisse métallique du tiers ; mais on a compris dans cette dernière d’autres élémens, tels que des avances sur Bons de provinces belges et des crédits à l’étranger, qui avaient permis de porter la circulation, dès le 15 avril 1915, à 172 millions de francs, alors que l’encaisse métallique n’était que de 48 millions.

L’Allemagne a aussi augmenté la quantité de monnaies divisionnaires d’argent. La frappe extraordinaire de 120 millions de marks, prévue par la loi de 1913, constitue une ressource pour l’Empire, jusqu’à concurrence de la différence entre le prix d’achat du métal et la valeur monétaire des pièces, c’est-à-dire environ 70 millions. Enfin elle s’efforce d’enrayer ou plutôt de dissimuler la dépréciation de son billet, qui subit une perte notable par rapport à l’or et aux monnaies des pays chez qui l’étalon d’or a été maintenu. Par une ordonnance du 23 novembre 1914, sont punis d’un an de prison et de 5 000 marks d’amende ceux qui entreprennent d’acquérir ou de vendre des pièces d’or de l’Empire à un prix supérieur à leur valeur nominale. Ceci rappelle les mesures de Lavv ou de la Convention. Le législateur teuton s’imagine pouvoir, en interdisant les transactions, empêcher le papier, émis par ses banques ou ses caisses, de baisser. Il oublie qu’il existe des marchés neutres, tels que ceux de New York, d’Amsterdam, de Genève, sur lesquels le mark perd déjà 15 pour 100 de sa valeur. Au lieu de 1 fr. 23, il ne vaut plus que 1 fr. 08. C’est là une pierre de touche infaillible, qui indique la faiblesse du système échafaudé de l’autre côté du Rhin.


VI. — AUTRICHE-HONGRIE

De l’Autriche-Hongrie nous avons peu de chose à dire. En matière économique comme dans l’ordre militaire elle suit docilement le sillage de l’Allemagne, dont elle a copié les procédés financiers. De même qu’à Berlin, on a créé à Vienne et à