imposé le silence sur les atrocités allemandes en Belgique ou qui les ont malhonnêtement palliées ; ce sont eux qui ont nié le bombardement de la cathédrale de Reims ou qui l’ont présenté, quand il a fallu se rendre à l’évidence, comme une juste punition de nos forfaits. Mais sait-on ce qui a surtout dicté leur conduite et inspiré ces vilaines manœuvres ? L’affaire Ferrer. Nous l’avions oubliée ; eux y pensaient. La destruction du monument élevé à Bruxelles à Ferrer par quelques libres penseurs, voilà ce qu’ils guettaient avec anxiété. Dès qu’ils surent les Allemands en Belgique, leur cœur tressaillit d’aise. Ils vont, se disaient-ils, nous donner satisfaction. Les Allemands ne le firent pas tout de suite : ils songeaient à autre chose qu’à Ferrer. Enfin, au mois de janvier dernier, le haut commandement du Kaiser, n’ayant plus rien à détruire ni à égorger, et de plus en plus sollicité par les émissaires des traditionalistes, qui lui faisaient peut-être entrevoir une utile diversion de quelques hardis cabecillas sur les sommets des Pyrénées, décida, pour leur être agréable, de déplacer le monument. Maigre résultat : c’en était un cependant ; aussi une pluie de cartes de visite vint-elle s’abattre sur l’ambassade impériale à Madrid. Ni les centaines de prêtres fusillés, ni les églises profanées, ni les tabernacles enfoncés, ni les hosties piétinées par des soudards ivres de sang et de vin n’ont ému ces défenseurs du trône et de l’autel ! Bagatelles que ces crimes hideux : l’important était la disparition du monument Ferrer. Et c’est ainsi que la catholique Espagne s’est comportée envers la non moins catholique Belgique. Nous ne voulons pas croire que le clergé espagnol, qui compte tant d’hommes pieux, doctes et de haute intelligence, ait trempé dans cette lamentable et ridicule démonstration où des devoirs impérieux ont été sacrifiés à une bien piètre rancune.. Nous ne voulons pas croire non plus que ce clergé, qui a toujours entretenu avec le clergé de notre pays d’étroites relations et qui se nourrit surtout comme celui de l’Amérique du Sud de livres religieux français, ait pu prendre, comme on le prétend, une attitude antifrançaise. Certes, on aurait voulu entendre, en la circonstance, quelque gronde voix catholique autorisée, qui aurait instruit les ignorans et ramené les égarés ; mais où sont aujourd’hui les Balmès, les Quadrado et les Menéndez y Pelayo ? En leur absence, il nous est au moins agréable de constater qu’un des principaux organes du
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