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guerre ! Délivrez la patrie, délivrez les enfans, les femmes, les temples des dieux paternels, les tombeaux des aïeux ; il s’agit ici de tout à la fois. »

Thucydide met dans la bouche de Périclès un éloge des guerriers athéniens morts dans la guerre du Péloponèse, discours qui traduit noblement l’orgueil patriotique et l’idéal militaire chez les anciens : « …Enfin nos vertus sont telles que l’ennemi n’est jamais indigné de sa défaite, et que les peuples soumis à nos lois ne sauraient être humiliés de leur dépendance. Nous n’avons pas besoin qu’un Homère ni qu’un autre poète nous vante par d’agréables mensonges : il suffit que la terre et les mers, domptées par notre vaillance, et cette foule de monumens répandus en tous lieux, attestent aux hommes de tous les temps notre vengeance et nos bienfaits… Telle est la patrie pour laquelle nos guerriers ont versé leur sang, et pour laquelle, à leur exemple, nous ne devons pas craindre de répandre le nôtre. Je ne me suis tant arrêté à décrire îles avantages de cette patrie, que pour faire sentir que tout peuple qui n’a pas les mêmes intérêts ne saurait avoir la même ardeur… Abandonnant à la fortune tout ce qui dépend d’elle, ne se réservant que le courage qui ne dépend que de nous, résolus de tout souffrir pour repousser l’injure plutôt que de rien céder pour acheter leur salut à tout prix, nos guerriers ont sauvé leurs jours de tout reproche, livré leurs corps à tous les coups, et, dans l’instant fatal qui a décidé du sort des armes, ils ont vu le péril sans changer de visage, et sont sortis de la vie avec toute leur vertu… Je soutiens qu’un semblable dévouement doit couvrir bien des fautes, et que, le bien l’emportant sur le mal, un citoyen qui meurt pour son pays le sert plus en un jour, qu’il n’a pu le desservir dans tout le cours de sa vie… »

Après la prise de Rome par les Gaulois (390 avant Jésus-Christ), Camille empêche les Romains d’émigrer à Véies, les adjure et leur persuade de purifier les temples profanés par l’ennemi, de reconstruire leur cité : « Nous avons, leur dit-il, une ville fondée sur la foi des auspices et des augures ; pas un endroit qui n’y soit plein des dieux et de leur culte ; nos sacrifices solennels ont leur place marquée tout autant que leur jour fixé. Tous ces dieux de la patrie et de la famille, voulez-vous donc les abandonner ? »