Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 27.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est à coup sûr réconfortant de constater que les soutiens de l’impérialisme germanique n’osent presque jamais parler ouvertement, ni expliquer au grand jour les motifs de leurs convictions. Si ce manifeste tendait vraiment à glorifier, la Kultur, pourquoi n’avoir pas eu le courage de le dire en toutes lettres ?

Si nous rencontrons beaucoup de sympathies en Catalogne, nous en rencontrons moins à l’autre extrémité de la frontière. Bilbao, Saint-Sébastien, cette dernière ville surtout, parce que le gouvernement y réside en été, sont devenus le refuge d’une fraction importante de la colonie allemande d’Espagne, celle de la gente de levita, comme disent nos voisins, ou porteurs de redingote, tandis que le menu fretin, — l’Allemand vornehm fuyant le contact du parent pauvre, — a été dirigé sur Barcelone, où des soupes populaires, plus crasses que ne sont en ce moment celles de la mère patrie, le sustentent aux frais du consulats Autour de ces Allemands de Saint-Sébastien et de la Corniche basque se groupent volontiers bon nombre de carlistes, domiciliés ou non en France, que nous connaissons et estimons à leur valeur, et aussi peut-être quelques membres de certaine association religieuse, gouvernée il y a peu par un général né wurtembergeois, qui n’a pas dû inculquer à sa milice un grand amour pour notre pays. Dans ce milieu bigarré se nouent des intrigues de nature à nous causer quelques préjudices : nos autorités de la frontière, qui doivent être renseignées, feront bien de se tenir sur leurs gardes.


Diverses autres questions, surtout économiques, déterminent en Espagne des courans d’opinion qui souvent se contrarient : questions de protectionnisme et de libre-échange, traités de commerce, zones franches et bien d’autres encore. En donner un simple aperçu exigerait des lumières spéciales et beaucoup d’espace. Pour ne pas sortir du cadre de cet article, il parait préférable de renvoyer à un livre bien informé, L’Espagne au XXe siècle, de M. Angel Marvaud, paru il y a deux ans et qui peut servir de guide à travers la littérature du cru où toutes ces questions sont discutées journellement avec plus de fougue et de grandiloquence, semble-t-il, que de véritable connaissance du sujet. On verra dans l’ouvrage de M. Marvaud combien certains intérêts généraux ou locaux influent sur les relations