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ont vendu ce qui leur restait encore de titres italiens, notamment des rentes d’Etat, des obligations de chemins de fer, des actions de banque et d’industrie. Depuis longtemps, ils avaient l’art d’exploiter le pays au profit d’individus qu’ils y envoyaient occuper des fonctions grassement rétribuées, sans mettre d’argent dans les entreprises. Bien mieux : ils savaient aiguiller à leur profit l’activité des banques dans lesquelles les Français avaient des intérêts considérables, mais qui servaient surtout à favoriser l’expansion tudesque. Il s’agissait avant tout d’avoir le plus grand nombre possible de soldats installés dans la place. Dès le mois de juillet 1914, de nombreux Allemands, domiciliés à Rome, à Milan, à Gênes, à Naples, demandaient à être naturalisés, de façon à pouvoir, même en temps de guerre, conserver leurs postes, qu’on peut bien qualifier de postes de combat. Nous espérons que le gouvernement italien regardera les choses, ou plutôt les hommes, de près. C’est le cas de rappeler la fameuse loi impériale du 22 juillet 1913, qui permet aux Allemands d’acquérir une autre nationalité sans perdre la leur. L’exposé expliquait que, dans les conditions de la vie internationale moderne, il convient de donner aux citoyens le moyen de reprendre un jour la qualité dont ils se seraient provisoirement dépouillés pour le plus grand bien de la mère patrie.

La pénétration germanique dans la péninsule était un phénomène d’une gravité que les plus clairvoyans parmi les Italiens étaient seuls à mesurer. Quelques-uns d’entre eux se rendaient compte de la portée de cette ingérence. Alienum aes acerba servitus, l’argent étranger est une amère servitude, écrivait récemment M. Francesco Nitti, en même temps qu’il avertissait ses compatriotes qu’après la guerre actuelle, ils devraient plus que jamais compter sur eux-mêmes. Tout en considérant que l’Italie est bien préparée a conquérir de nouveaux marchés, il reconnaît que ce n’est pas du jour au lendemain qu’elle pourra accomplir toute sa tâche sans aucun appui extérieur. C’est du côté de ses alliés sincères, de ses amis véritables qu’elle le trouvera.

Pour faire face à leurs dépenses de guerre, les Italiens devront avoir recours à l’émission d’emprunts au dehors. Il est probable qu’une entente avec l’Angleterre a été conclue à cet égard ; Il est naturel que l’Italie qui, durant la paix, avait non seulement cessé d’emprunter au-delà de ses frontières, mais