Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 28.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui avait racheté la presque totalité de sa dette qui s’y trouvait, s’adresse, dans les circonstances exceptionnelles qu’elle traverse, au capital étranger. Plus tard, quand elle aura recueilli les fruits de son intervention dans le conflit, elle connaîtra de nouveau les années de prospérité, les excédens budgétaires, et l’épargne de ses habitans rapatriera les titres qu’elle aura placés aujourd’hui chez ses alliés ou chez les neutres.


V. — MESURES PRISES DEPUIS LE MOIS D’AOÛT 1914

Bien que l’Italie n’ait déclaré la guerre à l’Autriche que le 24 mai 1915, elle avait, dès le mois d’août 1914, ressenti profondément les effets de la crise. Les mesures prises par elle depuis cette date ont été, sur bien des points, les mêmes que celles que les belligérans avaient décrétées dès la première heure, ce qui prouve à la fois la solidarité des intérêts matériels des peuples européens et la pensée, sans doute déjà présente alors à l’esprit de ses hommes d’Etat, qu’elle ne pourrait pas ne pas être à son tour entraînée dans la lutte.

Des décrets des 1er et 6 août, 22 novembre, 27 décembre 1914, interdirent l’exportation du froment, de l’avoine, de l’orge, du riz, du maïs, en général des graines et de leurs dérivés, tels que la farine et le pain, du café, du sucre, des chevaux, du bétail, de la viande fraîche, du charbon, du pétrole, de la benzine, de la glycérine, du plomb, de l’aluminium, du nitrate de soude, des fournitures militaires, du zinc, de l’antimoine, du bronze, du manganèse, des pyrites, de l’hématite.

Divers décrets établirent des moratorium pour les remboursemens des dépôts et le paiement des lettres de change.

Un décret du 4 août autorisa les caisses d’épargne privées, les monts-de piété, les établissemens de crédit (à l’exception des instituts d’émission), les banques par actions, mutualités, coopératives, caisses rurales, à ne rembourser que 5 pour 100 à leurs déposans. En même temps les échéances des effets tombant du 1er au 20 août furent retardées de vingt jours. Le 16 août, les délais furent augmentés de quarante jours. Les reports furent prorogés, de trente-deux jours. Un nouveau remboursement d’une vingtième fut ordonné dans les dépôts. Le 27 septembre, on ordonna trois nouveaux remboursemens de 10 pour 100 chacun pendant les trois derniers mois de l’année.