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Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 28.djvu/333

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L’IDÉE DE PATRIE
Á TRAVERS LES SIÈCLES

II.[1]
LA FRANCE : MOYEN AGE ET TEMPS MODERNES

S’il faut strictement respecter les nuances grammaticales et le langage puriste, le mot pays, que beaucoup de personnes emploient comme synonyme de patrie, n’est qu’un des élémens qui entrent dans la composition de celle-ci ; de même le mot peuple est autre chose que la patrie et la nation ; et le mot nation que l’État, puisqu’il y a des États qui comprennent plusieurs nations. Et certes, il existe une différence entre patrie et nation, mais l’une semble bien la substance de l’autre, elles s’enveloppent réciproquement. Au fond, il est peut-être un peu vain d’établir des distinctions subtiles entre ces maîtres mots qui, dans l’esprit de la grande majorité, représentent la même idée, — d’autant plus vain que le vocable patrie manque de synonyme direct dans beaucoup de langues, et qu’il faut bien alors lui substituer les équivalens de nation, État, peuple. Si la patrie est une chose en soi, elle est aussi la résultante et l’origine de beaucoup d’autres choses, qu’on peut rencontrer dans les pays où fleurit le sentiment passionné de la grandeur collective, des droits et des devoirs que ce sentiment suppose. Si l’on

  1. Voyez la Revue du 15 juin 1915.