Le 5 janvier.
… Vous pouvez être assurée que, si je le puis, je me rendrai avec un bien grand plaisir à l’invitation que vous me transmettez. Je dis : si je puis, car je suppose d’abord qu’on me rendra ma liberté, et, en second lieu, qu’on ne mettra pas d’obstacle à un voyage qui est conforme à mes sentimens d’attachement pour celui que nous aimons tous, et dont le sort nous intéresse si vivement.
Demain commenceront les débats. On nous fait espérer qu’avec eux finira ma captivité, qui est déjà bien longue. Je n’ose encore me livrer à un pareil espoir. Cependant beaucoup d’amis le conçoivent et il faut dire qu’il n’est pas improbable…
Mercredi 11 janvier.
Nous avons été occupés des journaux. Celui du Commerce parlait de la brochure de M. de Persigny qui inonde Paris et donne une bien autre importance au complot du Prince. D’autres journaux rapportaient ses proclamations. Enfin, le Journal du Bas-Rhin donnait les deux premières séances du procès. Tous les accusés s’y sont montrés avec une noblesse et un dévouement qui doit intéresser le jury en leur faveur. Aimé a été convenable en tout : il n’a dit que ce qu’il fallait et n’a pas dit que M. de Persigny fût l’envoyé du Prince, ni que M. Vaudrey fût du dîner d’Offenbourg. Le tribunal même ne parait pas trop malveillant…
Strasbourg, 15 janvier 1837.
Mademoiselle, je ne sais s’il y aura condamnation, ou s’il y aura acquittement. Le ministère public et les avocats sont aux prises. Hier, M. Barrot a été superbe ; aujourd’hui, mon frère a été sublime, et ce qui surtout m’a comblé de joie, c’est la manière dont ces deux orateurs ont parlé de la Reine et du Prince…