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Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 28.djvu/688

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Bainville ; Marillac vous l’avait dit, et Richelieu, et Louis XIV, et Vergennes, et Louis XVI lui-même peu de mois avant d’aller à l’échafaud, et les rois de la Restauration, Louis-Philippe enfin ! Toute l’histoire vous l’avait dit, que la Germanie n’est pas un peuple comme un autre, avec lequel on peut s’entendre et auprès duquel on vit, l’entente faite. Qu’est-elle donc, la Germanie ? La maladie de l’Europe : une maladie à soigner sans cesse, ou à traiter par la chirurgie.

L’histoire l’avait dit ; et M. Jacques Bainville a résumé avec une admirable dextérité les leçons de l’histoire.

Seulement, — et je continue d’embrouiller ce qu’il débrouillait, — l’erreur elle-même est encore un des élémens du problème historique, l’erreur inévitable et, j’allais dire, indispensable, l’erreur perpétuelle, l’erreur de tout le monde, l’erreur de l’opinion publique et l’erreur de ceux-là mêmes qui ont raison, l’erreur humaine qui est dans l’étoffe et dans la trame de l’histoire. Par momens, la somme des fautes accumulées se liquide par une guerre. La vie des hommes et des nations est soumise à un rythme de ce genre, — la dure, la terrible vie des hommes et des nations, trempée de larmes, tachée de sang, — farouche aventure, et que seul l’héroïsme, aux plus mauvais jours, dispense d’élre scandaleuse.


André Beaunier.