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Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 28.djvu/694

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haut : ce poids, si on le laisse retomber brusquement, pourra produire des effets d’écrasement considérables et en apparence disproportionnés avec le travail fourni par l’enfant ; pourtant, le travail produit par la chute du poids sera inférieur à celui que l’enfant a donné pour l’élever. Le poids en tombant se comporte ici comme un explosif, tandis que l’enfant en le soulevant se comportait comme un combustible ordinaire.

On a donc tort de parler, à tout propos, comme on le fait dans les conseils de guerre puérils qui se tiennent chaque jour au Café du Commerce ou autour de beaucoup de tables familiales, on a tort de parler de la puissance formidable des explosifs, on a tort de rêver de je ne sais quels explosifs plus formidables encore que ceux qu’on connaît et qui pulvériseraient d’un coup la Teutonie tout entière. Ce qui est formidable dans les explosifs, ou plutôt formidablement court, c’est le temps dans lequel ils mettent en jeu toute leur puissance. Quant à celle-ci, quant au travail total qu’elle peut fournir pour un poids donné, ils sont étroitement limités. A cet égard, il n’y a sans doute pas une différence du simple au double entre le plus puissant de tous, la dynamite-gomme, et le moins puissant, la poudre noire.

Il faut cependant faire sur ce point une timide réserve et la persienne fermée de l’avenir laisse venir à nous un mince rayon d’espoir en ce qui concerne les substances radioactives. Le jour où on aura réussi à canaliser les énormes forces intra-moléculaires dont elles nous révèlent l’existence, le jour où on aura réussi à en accélérer l’écoulement jusqu’ici insensible à tous les agens physiques, ce jour-là évidemment nous aurons des explosifs infiniment plus puissans. Mais il n’est pas venu encore, ce jour, et il ne viendra sans doute guère avant quelques siècles.

Tout ceci ne veut point dire d’ailleurs que la pression et le travail développés par les substances explosives ne soient pas considérables. Il y a plusieurs moyens de déterminer la valeur de ce travail. L’un des plus simples consiste à recevoir le choc du projectile sur un pendule très lourd dont on connaît le poids. La grandeur de l’impulsion ainsi reçue par le pendule permet de connaître directement la quantité de mouvement du projectile, c’est-à-dire le travail effectivement développé par la poudre. On a fabriqué de ces pendules balistiques, — dont l’invention faite par Robins remonte à 1740, — qui pèsent jusqu’à 4 tonnes et permettent d’étudier le travail développé dans les canons.

Aujourd’hui on emploie de préférence un procédé beaucoup plus rigoureux, qui consiste à étudier la vitesse du projectile au sortir de