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peut fournir et que nous venons d’étudier, mais aussi par la pression qu’elle exerce sur les parois des récipiens où elle est enclose.

Pendant longtemps, on a donné sur cette pression des évaluations fantaisistes et contradictoires provenant de ce qu’on manquait de moyen précis de mesure. Certains lui attribuaient des valeurs de l’ordre de 100 000 atmosphères, tandis que d’autres la croyaient cent fois plus faible.

Aujourd’hui nous avons le moyen de déterminer avec beaucoup d’exactitude les pressions dues aux explosions grâce à l’ingénieuse méthode imaginé par deux Anglais, un officier d’artillerie, sir Andrew Noble et un chimiste, sir Frederik Abel. Le principe de cette méthode, qui a été grandement perfectionnée et mise au point par notre illustre compatriote M. Vieille, consiste à placer et à faire détoner la substance étudiée dans une éprouvette en acier extrêmement solide et parfaitement close, dont une extrémité est constituée par un petit piston mobile qui vient s’appuyer sur un petit cylindre de plomb appelé crusher. Au moment où la poudre déflagre, elle exerce une pression très vive sur le piston qui vient aplatir plus ou moins le crusher. Grâce à une table de tarage établie expérimentalement d’abord, on peut déduire la pression produite du degré d’écrasement du plomb. Par exemple, les crushers habituellement employés qui ont 8 millimètres de diamètre sur 13 millimètres de haut s’écrasent de la moitié de leur hauteur sous une pression de 3 500 kilogrammes par centimètre carré. Je rappellerai à ce propos que l’atmosphère, qui est l’unité de pression pratiquement employée en général, est à peu près égale (en réalité légèrement supérieure) à la pression exercée sur une surface de 1 centimètre carré par un poids de 1 kilogramme qui s’appliquerait exactement sur ce centimètre carré.

Grâce à l’éprouvette de Noble et Abel, on a pu étudier pour toutes les substances explosives la pression qu’elles exercent sous différentes densités de chargement (car il est évident que la pression exercée dans un canon donné par exemple sera d’autant plus grande que la quantité de poudre de la charge sera elle-même plus considérable), on a pu ainsi régler a priori les charges à essayer dans les canons où la pression ne doit jamais, d’après les constatations faites, dépasser 3 000 atmosphères sous peine de détériorer la pièce très vite, et même de la faire éclater. — On trouve dans ces conditions que la poudre noire par exemple, employée à une densité de chargement égale à l’unité (c’est à-dire un gramme par centimètre cube), produit une pression égale à 6 500 atmosphères. Quant aux pressions obtenues à