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repris la tâche interrompue, et aujourd’hui l’Union Jack flotte sur Windhoek, la capitale de l’Afrique occidentale allemande. Cette tentative de rébellion sera-t-elle le dernier effort des fidèles du « Vierkleur, » qui n’ont pu se résigner à perdre l’espoir de voir une République hollandaise suprême dans l’Afrique du Sud ? Ou la bonne entente, précédant la fusion des races, dont dépend l’avenir de la jeune nation sud-africaine, est-elle compromise et retardée pour longtemps encore ?


I

Lorsque, au mois de mai 1902, les représentans des Républiques du Transvaal et de l’Orange, réunis à Vereeniging, discutaient la possibilité de continuer la lutte héroïque menée depuis plus de deux ans déjà ou la nécessité d’accepter les conditions de paix de l’Angleterre, le commandant-général Louis Botha se prononça pour l’acceptation de celles-ci. Certains voulaient combattre encore : ils ne pouvaient se résoudre à perdre l’indépendance pour laquelle de si cruels sacrifices avaient été consentis. A ceux qui pouvaient juger plus froidement, la situation apparaissait désespérée : à poursuivre la lutte, on compromettrait l’avenir de la race elle-même. En acceptant l’inévitable, on pourrait conserver les institutions représentatives ; sous la suzeraineté de l’Angleterre, la nation continuerait à vivre ses idéals et ses vieilles coutumes. Le 31 mai, les préliminaires de paix étaient signés : l’Angleterre victorieuse s’engageait à substituer aussitôt que possible, dans ses nouvelles colonies, le gouvernement civil à l’administration militaire, et à introduire, dès que les circonstances le permettraient, un système représentatif tendant vers l’autonomie. « Chacun de ceux qui signèrent ce document, — dit le général Christian de Wet, commandant en chef des troupes de l’Orange, l’un des signataires, — savait qu’il était engagé d’honneur à y conformer ses actes. » Et, en terminant son Histoire de la guerre de trois ans, dont il avait été un des héros, celui qui, à la réunion de Vereeniging, avait plaidé avec le plus de vigueur et d’âpreté pour la continuation de la lutte, sans égard à sa durée, « jusqu’à ce que l’indépendance fût absolument sûre, » adressait ces dernières paroles à son peuple : « Soyons loyaux au nouveau gouvernement. La