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loyauté est, en fin de compte, la meilleure conduite. La loyauté est seule digne d’une nation qui a versé son sang pour la liberté. »

Fidèle à sa promesse, l’Angleterre dotait d’un gouvernement autonome, dès 1906, le Transvaal et l’Orange. Elle n’hésitait pas à confier le pouvoir à ses rudes adversaires de la veille. Le général Botha, appelé à présider le premier ministère transvaalien constitué sous le nouveau régime, déclarait que les Boers n’oublieraient jamais la générosité du peuple anglais, et conviait la population de langue hollandaise à travailler avec la population de langue anglaise pour réaliser enfin l’Union sud-africaine.

Aucun obstacle sérieux ne divise en compartimens isolés le continent sud-africain. La seule barrière naturelle dans cette région est la chaîne de montagnes qui court, parallèle à la cote, de Capelown à l’embouchure du Zambèze. Mais des ouvertures dans cette chaîne facilitent les relations entre l’intérieur et la côte, et la zone côtière est une dépendance nécessaire du plateau qui, d’une superficie égale aux sept huitièmes de l’Afrique australe, constitue en réalité celle-ci. Sans l’accès libre à la mer, les populations du plateau seraient isolées des grands courans de la civilisation ; quant à la zone côtière, sa faible étendue ne lui permet pas d’aspirer à une vie indépendante.

Lorsque, en 1815, l’Angleterre acquit de la Hollande la colonie du Cap de Bonne-Espérance, aucune nation rivale n’avait de prétentions sur les territoires de l’intérieur. Lentement, la population avançait vers le Nord, repoussant les indigènes auxquels elle se heurtait dans sa marche. Le gouvernement anglais voyait avec appréhension cette expansion de la colonie. Celle-ci n’avait de valeur à ses yeux que comme point de relâche sur la route des Indes. En 1836, des Boers, désireux d’échapper aux tracasseries et aux injustices d’une administration peu soucieuse de satisfaire leurs aspirations, se résolurent à une émigration en masse. Les fonctionnaires anglais ne s’opposèrent pas au « grand trek. » Le gouvernement métropolitain redoutait de se voir entraîné malgré lui dans des luttes onéreuses contre les indigènes ; aussi vit-il avec plaisir la constitution, au Nord du fleuve Orange, puis du Vaal, de communautés blanches, dont il reconnut l’indépendance. Ces