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objets de luxe : or, les importations françaises aux États-Unis consistant en produits de luxe, notre commerce était ainsi frappé, à raison, non de sa nationalité, mais de sa nature, par l’effet indirect d’une disposition conçue contre la richesse, non contre la France. D’ailleurs, aux États-Unis, une charge douanière qui frappe une industrie de luxe n’exerce aucune influence sur la vente ; l’objet de luxe est désiré pour lui-même, indépendamment de sa cherté, et même, parfois, plus il est cher, plus, à raison de la psychologie de l’acheteur, il est, aux États. Unis, recherché. Entre le Trésor américain et la Chambre de Commerce de Limoges, l’ambassadeur de France multipliait à Washington des tentatives de conciliation qui devaient bientôt donner aux porcelainiers toute satisfaction. Sur les observations du gouvernement français, l’examen inquisitorial des livres de l’industriel français par les agens secrets de la douane avait cessé. Pour assurer la protection de la propriété industrielle, une loi du 18 septembre 1913 avait accordé, non-seulement aux inventions brevétables, aux dessins, aux modèles et aux marques de fabrique, mais encore aux objets manufacturés une protection efficace pendant la durée de l’Exposition et pour une période de trois ans, à compter de sa clôture. Cette même loi prescrivait l’admission en franchise de tous les objets destinés à l’Exposition. Enfin une décision du ministre américain des Finances, du 16 mars 1914 devait bientôt autoriser l’emploi d’un fil scellé pour identifier les modèles de toilettes de femmes et déclarer que les échantillons, sans valeur commerciale, entreraient en franchise sans être assujettis à caution.

Non seulement les objections, exagérées, du commerce et de l’industrie, s’atténuaient ou tombaient, mais, de plus en plus, l’âpreté de la question révélait que de nombreuses raisons appelaient la France à San Francisco.

Raisons économiques. La France est un des principaux cliens et des plus grands fournisseurs des États-Unis. Recevant des États-Unis les matières premières nécessaires à l’industrie, notamment le coton, le cuivre, les huiles, le bois, les graisses et, pour une faible part, les objets fabriqués, machines, automobiles et cycles, elle leur envoie des objets manufacturés et de luxe, sans parler de ceux, que, voyageant en Europe, l’Amérique achète en France et rapporte dans ses malles.

Or, le commerce français avec les États-Unis était, sous le