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Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 29.djvu/174

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réserve dont elle était dépositaire. Cette décision ayant été annulée par la Cour d’appel mixte d’Alexandrie, le gouvernement britannique versa en 1897, 798 000 livres au trésor khédivial et, l’année suivante, le parlement britannique approuva la déclaration de M. Balfour que le remboursement de cette avance ne serait jamais réclamé. Nous allons voir que ce don n’était nullement gratuit.

Le Soudan fut reconquis par étapes, en trois années, sous le commandement du général Kitchener. Le 2 septembre 1908, les Anglo-Egyptiens entraient dans Omdurman, après avoir exterminé l’armée soudanaise ; le 24 novembre 1909, 1e khalife et ses derniers partisans tombaient sous les balles d’une colonne dont le chef était le major Wingate, actuellement gouverneur du Soudan et sirdar (généralissime) et qui s’était déjà fait un nom en écrivant un remarquable ouvrage sur le mahdisme.

Dans l’intervalle, la mission Marchand, partie de Brazzaville le 1er mars 1897, avait remonté l’Oubanghi, le M’ Boniou et son affluent le Bokou et de là, dans le courant de novembre, transporté sa flotte sur le Soueh, sous-affluent du Nil, puis installé des postes et, des contres de ravitaillement dans le Bahr et Gazai, enfin, le 10 juillet 1898, occupé Fachoda[1] où, le 19 novembre, son chef recevait la visite du sirdar Kitchener en personne, qui venait le sommer courtoisement d’avoir à décamper.

Cette malheureuse aventure ne comportait pas d’autre dénouement. Le capitaine Marchand ne pouvait prétendre sérieusement occuper d’une façon effective le Bahr et Ghazal avec ses deux cents tirailleurs sénégalais, dont l’armée anglo-égyptienne n’aurait fait qu’une bouchée. Au surplus, le gouvernement britannique avait déclaré qu’il considérait « comme un acte inamical (unfriendly)… la marche d’une expédition française munie d’instructions secrètes et se dirigeant de l’Afrique occidentale vers un territoire sur lequel nos droits sont connus depuis si longtemps, » ce qui revenait à assimiler cette tentative à un casus belli.

C’est pourquoi, le 11 décembre 1908, la mission Marchand évacuait Fachoda pour rentrer en France en passant par l’Abyssinie.

  1. Robert de Caix, Fachoda, la France et l’Angleterre ; — G. Blanchard, L’affaire de Fachoda et le droit international, Revue de droit international public, 1899, p. 380 et G. Hanotaux, Le partage de l’Afrique, Fachoda.